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Au lendemain des recommandations de la Cedeao, Satisfaction, les réactions favorables à leur mise en œuvre

Agbéyome Kodjo, Gerry Taama et Magloire Kuakuvi

Les recommandations faites par les chefs d’États de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) pour une sortie de crise au Togo, au lendemain des 53è assises de l’organisation à Lomé suscitent un vent de réactions plutôt favorables dans leur ensemble pour une mise en œuvre rapide du contenu de cette feuille de route. Leaders politiques, acteurs de la société civile, même des religieux ont multiplié des réactions aussitôt après avoir pris connaissance de ces recommandations. La plus grande curiosité de ce ballet de réactions est le silence constaté, plus de 24 heures après, de la Coalition des 14 partis de l’opposition, qui se targue d’être la force de l’opposition digne de faire face au pouvoir de Faure Gnassingbé. Et qui a été le seul regroupement politique de l’opposition que les facilitateurs ont consulté de bout en bout, jusqu’au dévoilement de ces recommandations.

 L’Organisation pour Bâtir dans l’Union un Togo Solidaire (Obuts), dirigé par l’ancien Premier ministre Agbéyomé Kodjo prend « acte des recommandations issues du Sommet de la Cedeao» et constate qu’il s’agit là de « décisions qui constituent des avancées significatives qu’il convient de saluer en vue de garantir des élections justes, transparentes, et crédibles. Il exhorte « le Chef de l’Etat à saisir l’opportunité de cette feuille de route pour prendre des mesures courageuses à même d’insuffler une nouvelle dynamique à la gouvernance du pays, afin de réduire la fracture sociale pour redonner confiance au peuple, dans sa quête lancinante de vivre ensemble harmonieux, dans une société réconciliée et solidaire ».

De son côté, le Nouvel engagement togolais (Net) de Gerry Taama se félicite desdites recommandations, se réjouit de ce qu’elles aient « pris en compte la plupart des points soulevés pendant la période de dialogue et qui rejoignent largement les positions prises par le parti depuis le début des discussions. ». Le parti appelle « rapidement chaque parti à œuvrer pour la mise en œuvre diligente de ces mesures en vue d’une sortie rapide de la crise politique qui n’a que trop duré. Avec un peu de réalisme et un sens élevé de compromis, la réalisation des réformes préconisées pourra se faire dans le seul intérêt du peuple togolais ».

Au parti au pouvoir, on se réjouit pour ces recommandations à travers lesquelles, à en croire le Délégué national du Mouvement des Sages pour UNIR (Msu), Charles Kondi Agba, la Cedeao vient donner une leçon de « démocratie avec grand D » à la classe politique togolaise. « J’apprécie positivement les recommandations faites. Les chefs d’Etat ont dit la norme et s’il y a une crise ailleurs, ces décisions doivent pouvoir s’appliquer », note-t-il.

Pour Charles Kondi Agba, la décision concernant la candidature ou non de Faure Gnassingbé n’engage pas les chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao. Même la modification de la Constitution, notamment la limitation du mandat présidentiel, poursuit-il, ne peut empêcher Faure de rempiler pour un quatrième mandat.

Pareillement, au niveau du gouvernement on se décerne un satisfecit. Selon Gilbert Bawara, le ministre de la fonction publique dans une interview à Savoir News, « nous n’aurions jamais dû en arriver là, en contribuant les uns et les autres à mutiler notre propre pays et à tourmenter nos concitoyens avec toutes ces violences gratuites, ces exactions et ces dégâts insensés qui ont causés à la cohésion et à l’économie ». « Laissons maintenant ces moments de discorde derrière nous et travaillons ensemble, en soeurs et en frères, pour le progrès économique et social et pour de meilleures conditions de vie pour tous nos concitoyens », poursuit-il.

Lui, il est une grande gueule de la société civile togolaise. Le Professeur Magloire Kuakuvi, n’ayant pas l’habitude de mâcher ses mots a vite réagi lui également. « Ma satisfaction se situerait autour de 80%, parce qu’ils ne pouvaient pas parler immédiatement de l’observation de ces élections-là. Mais, j’avais déjà préconisé dans mes opinions un comité de suivi. Et ils en ont tenu compte. En plus de cela, il y a un flou sur les révisions Constitutionnelles et Institutionnelles. C’est bien de parler de la recomposition de la Cour Constitutionnelle avec une limitation de mandat. Parce que les gens s’éternisent là-bas.

Maintenant, notre espoir va se porter entièrement sur l’opposition. Parce que toutes ces choses qui ont été dites, tout le monde le disait avant que la Cedeao ne le redise », relève le Président du Conseil Épiscopal Justice et Paix, Magloire Kuakuvi, intervenant hier sur une radio de Lomé.

L’essentiel des recommandations de la Cedeao

Le 20 décembre prochain est la date retenue pour les prochaines élections législatives. Telle a été l’une des recommandations phares de la Conférence des Chefs d’État et de gouvernement de la Cedeao. Elle propose que les réformes soient adoptées par voie parlementaire, et au cas échéant, de faire appel au référendum. Elle invite également le gouvernement à revoir la composition de la Cour constitutionnelle et à mettre à jour le fichier électoral. L’organisation encourage la poursuite du dialogue en vue des réformes consensuelles et institutionnelles, l’amélioration du cadre électoral, la recomposition de la Cour Constitutionnelle et la limitation du mandat de ses membres, la limitation du mandat présidentiel et l’instauration des deux tours de scrutin à toutes les élections. Elle encourage le vote de la diaspora togolaise. Il faut dire que les réactions de leaders de partis, de figures de la société civile, etc. se multiplient toujours avec cette tendance de leur balance qui penche en faveur de la mise en œuvre de ces recommandations.

D.K.