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Congélation, démission et abdication…

Illustration de la rédaction

Ils sont nombreux, ces acteurs politiques qui ont ces derniers jours, sur leurs lèvres la chanson dont le refrain fatal est : la mort du dialogue ! La mort du dialogue ! La mort du dialogue !

Mais, curieusement, on décrète « la mort du dialogue » sans aucune proposition de sortie de crise. Au contraire, on enfonce le clou du défaitisme : Ah, rien n’est fait pour que l’exercice de la politique se libère de l’étouffement et de l’asphyxie mortelle…

Mais est-ce une raison suffisante pour que les leaders politiques renoncent devant la difficulté de construire une alternative fiable, capable d’être portée par les Togolais ? Quelle est, en effet, la part du pouvoir et celle de la classe politique dans la congélation de l’exercice de la politique dans le pays ?

Si la corruption, la dissuasion, la marginalisation, l’usage de la manipulation…ont véritablement réussi à entraver ou détruire l’initiative politique, c’est parce que les tenants du pouvoir n’ont pas rencontré de résistance intelligente, de la part d’une classe politique déchirée par les luttes de leadership et d’ego. Le résultat est terrifiant : on est à quelques mois de rendez-vous électoraux décisifs et majeurs – législatifs, locaux, référendum –  échéance dont nul n’ignore les enjeux pour le pays, et rien ne vient pour autant remuer les consciences, les tirer de leur léthargie et de leur passivité.

La seule image que l’opposition envoie aux populations au plan local comme à l’opinion internationale, est celle d’une classe abasourdie, tétanisée, comme sous l’effet d’hypnose. Elle donne l’impression de céder définitivement son sort au destin. Elle n’anticipe rien, elle subit les événements. Elle n’est pas dans l’action, elle est dans la réaction…et les trois noms de sa situation actuelle sont manifestement : congélation, démission et abdication…

L’opposition togolaise est plongée dans une sorte d’inhibition qui l’empêche de proposer une issue à la crise qui secoue le pays. Tout le monde semble, en fait, résigné à attendre un hypothétique miracle du dialogue avec des propositions qui apaisent chaque camp permettant surtout aux Togolais de titrer socialement, économiquement….leur épingle du jeu. Satu quo, hélas !

Que peuvent alors apporter les constats ici et là, aussi justes soient-ils, sur l’état de la nation ? Quel effet peuvent provoquer les critiques qui fusent de toutes parts sur la problématique des Réformes, sur la position de l’opposition et celle du pouvoir…surtout quand les positions de chaque camp ne convergent pas vers des initiatives politiques consensuelles, capables de rassembler les Togolais ? Prendre l’option de ne pas s’organiser et boycotter les prochaines élections, sans les réformes, ou au motif de fraude, ne serait-elle pas une solution de facilité ? La classe politique est en définitive entre le choix de la désertion ou de la mobilisation.

Dieudonné Korolakina