L’histoire politique lointaine et récente du Togo finit par convaincre même des personnalités, qui traditionnellement prennent souvent position contre le régime en place, que finalement, c’est l’opposition qui ne prêche pas une parole de vérité. Elle continue malgré tous les revers qu’elle a connus à faire des promesses qu’elle n’a jamais réussi à tenir et qu’elle sait pertinemment irréalistes dans le contexte actuel.
Lors d’une sortie médiatique en début de semaine pour faire le point de la séance du dialogue inter-togolais, la coalition des 14 partis de l’opposition qui affirmait faire des concessions venait plutôt d’enfoncer le clou. Elle déclare que «Faure Gnassingbé ne doit en aucun cas se présenter comme candidat à l’élection présidentielle de 2020». Autant dire que les membres de ce regroupement ont la mémoire courte puisqu’une telle revendication les a déjà conduits dans le mur, notamment en 2015.
Comme pour siffler la fin de la récréation, le professeur Magloire Kuakuvi, un leader d’opinion très respecté, reçu sur une radio de la capitale ce mercredi 28 mars 2018, n’a pas hésité à mettre les Togolais en garde contre un nouveau marché de dupe. «Plus question de donner de faux espoirs au peuple», a-t-il averti. On se rappelle qu’en 2014, au lieu d’accepter le principe des réformes, l’opposition a préféré s’investir dans un combat vain contre une candidature de Faure Gnassingbé. Il s’est non seulement représenté, mais il a aussi gagné les élections.
Au vu de cette expérience, il est clair que les Togolais ne peuvent plus se laisse entraîner sur une voie sans issue. En 2014 et 2015, des leaders d’opinion non des moindres, dont Me Jean Yaovi Dégli, ont conseillé à l’opposition, mais sans succès, d’accepter ce que le régime a lâché même si en contrepartie, le président Faure devait encore aller aux élections. Et après avoir gâché cette occasion qui s’offrait, des leaders ont commencé à dire à leurs militants, «pas de réformes, pas d’élection». La suite, tout le monde la connaît.
Face à ce qui s’apparente à une répétition de l’histoire, le professeur émérite de philosophie des universités publiques du Togo et responsable diocésain du Conseil épiscopal Justice et Paix, demande à l’opposition de lutter pour la transparence dans les élections à venir. «L’essentiel, c’est d’impliquer les organisations internationales à tous les niveaux dans l’organisation des élections. Confier les élections à une instance neutre comme la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao) et l’Union africaine», a-t-il affirmé. Encore une fois, les acteurs politiques de l’opposition sont mis devant leurs responsabilités.
Edem Dadzie
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