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Dialogue politique / Se focaliser sur Faure Gnassingbé est une grave erreur selon Gerry Taama

Gerry Taama

L’essentiel du combat politique qui se joue aujourd’hui, se résume à un seul et unique objectif : empêcher le chef de l’Etat, Faure Gnassingbé de participer aux prochaines élections. L’histoire politique du Togo a prouvé qu’en se focalisant sur les individus, la situation n’a pas du tout évolué. Une raison de plus pour que ceux qui rêvent de remplacer un jour Faure Gnassingbé à la tête de ce pays, de revoir leurs stratégies.

Depuis des années, l’opposition togolaise a toujours réussi le pari de la mobilisation, mais c’est ce qu’elle en a fait qui pose problème. Lors des négociations elle a toujours manqué de faire l’essentiel, en restant attachée à des positions qu’elle n’est pas en mesure d’imposer. Même l’Accord politique global (APG), le meilleur accord que le pays ait pu connaître, a été mal géré.

S’il faut reprocher au pouvoir d’avoir  profité  de  la  situation, l’opposition n’est pas saine dans cette affaire. En refusant de participer au gouvernement d’union nationale d’alors, le plus grand parti de l’opposition à l’époque, l’Union des forces de changement (UFC) a plutôt fragilisé cet accord.

Si l’opposition avait laissé les intérêts partisans de côté, aujourd’hui on ne parlerait peut-être plus de crise. Malheureusement, elle n’a pas tiré leçon de toutes ces péripéties. Laissant l’APG de côté, la coalition des 14 partis réclame depuis août 2017, le retour à la Constitution de 1992. Même si ses positions ont récemment évolué, elle tient au retour des fondamentaux de cette Constitution avec un accent sur l’expression « en aucun cas ». Et elle précise qu’elle n’est pas prête à accepter une nouvelle candidature de Faure Gnassingbé. Ce que le camp au pouvoir rejette. Une position qui n’avance en rien les intérêts du pays.

Selon des spécialistes qui se sont exprimés ces derniers jours, il est possible de revenir aux fondamentaux de la Constitution de 1992 et même avec le bout de phrase qui pose problème : « en aucun cas nul ne peut faire plus de deux mandats ». Mais si les Togolais veulent véritablement sortir de façon durable de cette crise, il faut arrêter de personnaliser le débat.

D’ailleurs, selon toujours ces spécialistes, si après les réformes, Faure Gnassingbé ne souhaite pas se représenter en 2020, ce sera une décision personnelle. Et en la matière, les Togolais devraient commencer par évoluer dans leur mentalité. Qu’est-ce qui prouve que Faure Gnassingbé est encore intéressé par une nouvelle candidature ? Mais en donnant l’impression de vouloir lui imposer une position, son camp qui a déjà le pouvoir peu se radicaliser et ne plus penser à une alternative.

L’opposition doit donc laisser les débats de personne et penser à obtenir les réformes nécessaires pour l’avancement du pays. Selon Gerry Taama, dans une sortie médiatique hier, « se focaliser sur Faure Gnassingbé est une erreur. Le plus important est de travailler pour obtenir les meilleures conditions pour gagner les élections législatives de 2018 ». Pour M. Taama, et ce n’est pas faux, Faure Gnassingbé peut partir, mais un autre de son camp peut s’imposer et ce sera le même parti qui sera au pouvoir.

Même si l’opposition vient au pouvoir, et que le parti Union pour la République (Unir) gagne les élections législatives, elle ne pourra pas gouverner. Voilà des réflexions  qui  doivent  pousser la coalition à plutôt penser à faire des réformes profondes et impersonnelles pour une alternance véritable à l’avenir.

Edem D.