Voulez-vous faire couvrir un événement par Togo Matin?

Politique d’apaisement de l’UFC, Isaac Tchiakpé : « la logique d’affrontement est improductive »

Isaac Tchiakpé

Depuis des années, l’opposition togolaise tente de venir au pouvoir mais en vain. Ce n’est pas faute d’avoir essayé. Mais était-ce de la bonne façon ? Depuis le début de l’ère démocratique, est née une logique d’affrontement qu’une bonne partie de ceux qui déclarent vouloir faire partir le régime en place hésite à abandonner. Lorsqu’on a plus fort que soi en face, la meilleure solution n’est certainement pas l’affrontement. L’Union des forces du changement (UFC) l’a compris depuis quelques années.

Plus radicale que l’UFC au Togo il y a quelques années, vous ne  trouverez pas. Ce parti qui est un héritier des indépendantistes incarnés par le premier président du Togo, feu Sylvanus Olympio, s’est enfermé dans une logique révolutionnaire dès sa naissance. D’ailleurs son président et jusqu’à ce jour n’est autre que le Dr Gilchrist Olympio, fils de Sylvanus Olympio. Ce  dernier  avait visiblement inscrit sa lutte politique  dans  une  logique de vengeance personnelle.

Pendant  des  années,  il  a essayé  de  ravir  la  vedette à  feu  général  Gnassingbé Eyadema, ancien président du  Togo, et considéré comme  l’ennemi  à  abattre, celui qui aurait porté le coup  de  grâce  à  son  cher papa. D’ailleurs  le  général l’a  à  tort  ou  à  raison… reconnu  lui-même.  Vivant à  l’extérieur,  Gilchrist est passé par la lutte armée, mais  aussi  par les  urnes. Mais en vain. Le pouvoir du général  était  solidement enraciné et ceci jusqu’à sa mort.

Dieu  seul  sait  les  dégâts que  cette  «  logique d’affrontement » a occasionnés sur la terre de  nos  aïeux.  Des  familles endeuillées,  des  dégâts matériels,  des  exils. Gilchrist  Olympio  porte  lui-même des séquelles de cette période sombre de l’histoire  de  notre  pays.  Le point culminant a été les évènements  malheureux de  2005.  Alors  après  cet épisode,  le  Dr  Olympio  a décidé d’enterrer la hache de  guerre  et  de  collaborer plutôt avec ses ennemis d’hier  pour  négocier  une alternance  pacifique  dans notre  pays.  Cela  lui  a  valu d’être rejeté et traité de tous  les  noms.  Toutefois, il a tenu bon jusqu’à ce jour.  Cet  accord  n’a  peut-être pas atteint l’objectif poursuivi,  mais  il  aura eu  le  mérite  d’essayer.

Le conseiller spécial du président  de  l’UFC,  Isaac Tchiakpé, reconnaît qu’il y a un goût d’inachevé. Toutefois  prévient-il : « la  logique  d’affrontement est improductive compte tenu de la nature et de la longévité  du  régime  en place ». Effectivement, si la logique d’affrontement était la  solution,  certainement que le pouvoir actuel ne serait plus là. Le diagnostic de  l’UFC  se  vérifie  donc. Le  régime  togolais  est solidement  établi  et  ceux qui souhaitent un jour le remplacer,  doivent  utiliser la  manière  douce.  Sans quoi,  notre  pays  risque  de vivre encore des moments difficiles.  Espérons  donc que  les  acteurs  politiques, surtout ceux qui sont dans une opposition farouche comprennent que « la logique  d’affrontement  est improductive ».

Edem Dadzie