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Proposition de sortie de crise au Togo / Opposition à l’idée d’une « transition » à la tête de l’Etat

Abass Kaboua

Jusqu’à quand cette lancinante crise anesthésiera-t-elle l’énergie créatrice des Togolais ? La question est posée à longueur de journée dans les émissions de radio et de télévision. Et sur le sujet, chaque analyste et journaliste à ses commentaires et ses propositions pour aider le Togo à aller vers la fin définitive de cette malheureuse situation qu’il connaît depuis plus de 10 mois.

Pour certains, il faut instaurer une transition à la tête du pays avec bien sûr, l’actuel chef d’Etat toujours aux manettes devant déboucher sur des élections « libres et transparentes » en 2018  auxquelles il (Faure Gnassingbé) n’aurait plus la possibilité de se représenter.

D’autres préfèrent au contraire la réalisation des réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales avec le choix offert à l’actuel occupant du nouveau Palais de la Présidence de se présenter conformément au sacrosaint principe de la non-rétroactivité de la loi. Ces réformes, disent-ils, devront soit être soumises aux députés et considérées comme adoptées si elles parvenaient à convaincre 4/5 des élus (article 144 de la Constitution). Dans le cas contraire, insistent les tenants de cette thèse, la réforme devra être soumise à l’appréciation des Togolais par voie référendaire.

Mais, selon les dernières informations, certaines formations politiques sont catégoriquement opposées à la première proposition qui est celle d’une « TRANSITION » à la tête de l’Etat.

Pas question de parler de transition au Togo, s’insurgent les premiers responsables du Groupe des Républicains et Ecologistes du Togo (GRET). Cette proposition est « inacceptable » et sera  rejetée  d’où  qu’elle provienne. Qu’elle vienne des acteurs politiques togolais eux-mêmes ou qu’elle provienne de la CEDEAO, elle n’aura aucune chance de passer, a martelé jeudi 21 juin dernier,  Abass Kaboua, président du Mouvement des Républicains Centristes (MRC) qui a indiqué avoir eu un entretien mercredi 20  juin à ce sujet avec le représentant permanent de la CEDEAO au Togo, M. Garba Lompo.

« Nous avons rencontré mercredi dernier le représentant permanent de la CEDEAO au Togo, Garba Lompo à qui nous avons soumis nos propositions de sortie de crise », a révélé le chef de file  du  Groupe  des Républicains Ecologistes du Togo.

Une initiative somme toute louable mais qui si semble arriver un peu tard à quelques jours  de  la  publication  des recommandations de la CEDEAO au Togo.

Alors, ces propositions pourront-elles  influencer ces recommandations après tout le travail abattu par les deux médiateurs désignés pour aider les Togolais à sortir de la crise déclenchée par le Parti National Panafricain (PNP) le 19 août de l’année dernière ? Rien n’est évident. Mais concentrons-nous plutôt sur les propositions soumises au représentant permanent de la CEDEAO au Togo par les partis membres du GRET.

Le GRET propose dans ses plaidoyers à la CEDEAO, de demander le nettoyage du fichier  électoral,  d’exiger la recomposition de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) et l’entrée au sein de cette commission des représentants des formations politiques de l’opposition et surtout de  rejeter  la  demande d’instauration d’une transition au sommet de l’Etat. « Ceux qui ont remporté l’élection présidentielle de 2015 doivent aller au terme de leur mandat », soutient M. Kaboua qui estime que la demande d’une transition ne se « justifie pas » et  ne répond à aucune exigence juridique. « Ça ne se justifie pas et c’est une aberration juridique », pense-t-il.

Il n’y aura peut-être pas de réforme puisque le délai de 6 mois exigé par le Protocole de Cotonou avant toute révision des règles des élections est dépassé, soutient en outre Abass  Kaboua  qui  pense que les médiateurs pourront néanmoins conseiller aux Togo, le couplage des élections législatives et locales.

En réponse à ses interlocuteurs, Garba Lompo aurait confié que la CEDEAO n’imposera rien aux Togolais et exigera au contraire, le respect des principes démocratiques et la nécessité d’aller aux élections avec un cadre plus consensuel.

Voilà les couleurs du débat sur les futures recommandations de la CEDEAO sont annoncées. Quelle sera l’attitude des acteurs politiques togolais face aux propositions de l’organisation sous régionale ? Seront-ils amenés à rejeter ou dénoncer ces recommandations lorsqu’elles n’iront pas dans le sens voulu ?

Nous le saurons très bientôt…

Olivier ADJA (Afreepresse)