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Affaire Bolloré en France : Le gouvernement togolais revendique son droit de réserve

Professeur Akodah Ayewouadan

Dans l’affaire qui l’oppose à la justice de son pays, le milliardaire français Vincent Bolloré vient d’avouer avoir payé une partie des frais de campagne du président togolais Faure Gnassingbé lors de l’élection présidentielle de 2010. Selon plusieurs analystes, il a utilisé cette stratégie pour éviter un procès, ce qu’il risque de subir finalement. Beaucoup s’attendaient à ce que le gouvernement togolais ou les services de la communication présidentielle se jettent dans une bataille consistant à défendre l’image du président. Mais, ils seront déçus. Par la voix de son porte-parole le ministre de la Communication et des Médias, le professeur Akodah Ayewouadan, le gouvernement revendique son droit de réserve.

«La position du gouvernement est de ne pas commenter une procédure en cours dans les juridictions d’un pays étranger », a indiqué le professeur Ayewouadan à TV5 Monde. Ce qui veut dire que tant que cela reste une affaire « franco-française » comme le disent les autorités togolaises, il n’y a pas de chance que l’on s’y intéresse vraiment à Lomé. Toutefois, l’affaire semble préoccuper au plus haut point certains compatriotes.

Le Front citoyen Togo debout (FCTD) du professeur David Dosseh par exemple a ouvertement exprimé son intérêt pour le dossier. Et, étant donné que la justice française souhaite faire un procès contre Vincent Bolloré et ses associés, cette organisation a déclaré chez nos confrères de RFI que des Togolais pourraient avoir des choses à dire lors de ce procès.

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Certains compatriotes veulent aussi mener des actions judiciaires au Togo dans les semaines à venir. C’est le cas de la Ligue des consommateurs du Togo (LCT). « Les avantages fiscaux personnalisés sont des pertes d’entrées pour le trésor public, donc un manque à gagner pour le Togo. Les auteurs sont coupables », affirme Emmanuel Sogadji, le président de la LCT.

Toutefois, il y a des indices dans cette affaire qui font réfléchir. Peut-on concevoir qu’un chef d’Etat puisse concéder un marché valant des milliards contre seulement quelques millions, si son objectif est de s’enrichir sur le dos du peuple ? Il faut noter que la société Bolloré était déjà présente et souhaitait juste une reconduction de son contrat. De même, parmi les deux pays concernés par cette affaire, (Togo, Guinée), notre pays est le pus cité. Est-ce innocent ? Cette affaire ressemble plutôt à un règlement de comptes entre Français. L’Etat togolais ne devrait donc pas se sentir concerné. Mais, il n’y a aucun doute que s’il venait à être saisi, le gouvernement répondra avec sérénité.

E.Dadzie