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Afrique du Sud/Violences xénophobes : Au-delà de la condamnation internationale, des interrogations

Une campagne contre la xénophobie

Malgré les arrestations, les appels au calme et les condamnations de la communauté internationale face aux violences xénophobes qui ont éclaté en Afrique du Sud depuis dimanche 1er septembre 2019, le phénomène s’est propagé dans plusieurs villes du pays. Certains pays auraient d’ailleurs marqué leur mécontentement face à ce fléau qui vise les étrangers en boycottant le Forum économique mondial sur l’Afrique qui s’est ouvert hier mercredi 4 septembre au Cap. Mais au-delà des actes de condamnation, il faudrait se poser les bonnes questions. Pourquoi ce phénomène (re)surgit-il, alors que l’on le croyait définitivement banni après les émeutes de 2008?

L’appel au calme ainsi que les garanties données par les autorités sud-africaines ne suffiront peut-être pas cette fois à atténuer la vague d’indignation qui a suivi les nouvelles violences xénophobes qui secouent, depuis dimanche dernier, le pays de Mandela. Des violences qui ont fait au moins cinq morts et des dizaines de blessés d’après les sources sécuritaires qui ont également annoncé
près de 200 arrestations.

Dans un communiqué, le président de la Commission de l’Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat a condamné « avec la plus grande fermeté, les actes de violence commis en Afrique du Sud contre des ressortissants de pays africains incluant le pillage et la destruction de leurs biens». Tout en saluant les mesures déjà prises par les autorités sud-africaines notamment les arrestations
de plusieurs personnes, le président de la Commission a appelé à ce que des mesures préventives soient prises, «pour protéger la vie des personnes et leurs biens, veiller à ce que les auteurs de ces actes soient traduits en justice et que des réparations soient accordées aux victimes».

La condamnation de ces actes de violence contre les étrangers par le président Ramaphosa luimême n’aura rien arrêté. On a plutôt l’impression que l’intervention du chef de l’Etat sud-africain aurait été un élément catalyseur car, depuis mardi, Johannesburg, Pretoria et 5 autres villes du pays sont le centre d’attaques contre des magasins détenus par des Zimbabwéens, des Congolais, des Zambiens, des Nigérians et plusieurs autres nationalités. Persécutés, accusés de voler le travail des Sud-Africains, les étrangers sont désormais « Persona non grata » dans le pays qui a connu l’apartheid pendant plusieurs années.

Attaques xénophobes : le remake de Mai 2008 ?

Ce mouvement de persécution, clairement orchestré et exécuté par plusieurs corporations dont celles des chauffeurs de poids lourds et des associations de conducteurs de taxis ne date pas d’hier. On se rappelle qu’en 2008, des ressortissants étrangers noirs ont été la cible de plusieurs attaques dans les faubourgs des grandes villes sudafricaines. Les résidents de ces quartiers pauvres et insalubres avaient accusé les étrangers d’être à l’origine de leur piètre condition. Ils accusaient les Mozambicains, les Zimbabwéens, mais aussi les Congolais, les Malawites, les Somaliens de « voler » les emplois qui sont censés leur appartenir.

En cette année, plusieurs personnalités politiques proches du chef de l’Etat ont sous-entendu que les violences pourraient avoir été orchestrées par l’Inkhata, le parti zoulou. D’autres organisations avaient aussi mis en cause l’inaction du gouvernement sud-africain à pouvoir arrêter ce phénomène. L’opinion internationale n’avait certainement pas pris la mesure, avant les événements de mai 2008, de l’hostilité d’une partie de la population sud-africaine envers ceux qu’elle désigne d’un mot du parler zoulou des villes, les « amaKwerekwere », littéralement « les barbares ». Mais aujourd’hui, l’heure n’est plus aux actes de condamnation, mais « d’actions » face à ce fléau qui appelle à un retour « à froid » tant sur l’enchaînement de ces évènements que sur leurs implications en termes de politique migratoire.

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