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Bénin/Réductions des ambassades béninoises dans le monde : Nouveaux standards diplomatiques ou simples raisons financières ?

Patrice Talon, président du Bénin
La décision a bien évidemment fait couler beaucoup d’encre au Bénin et dans le monde. Alors que les Béninois se plaignaient de n’avoir qu’une trentaine d’ambassades dans les 194 pays que compte le globe  terrestre, le président Patrice Talon vient de procéder à la fermeture de plusieurs autres à travers le monde. Lorsqu’on appréhende un tant soit peu les implications diplomatiques d’un tel repli, l’on est amené à s’interroger sur les raisons d’une fermeture alors même que la lutte contre la pandémie dans le monde implique une coalition d’actions à l’échelle internationale qui implique des échanges plus accrus entre les Etats.

Si, la fermeture d’un poste diplomatique dans un pays accréditaire n’est pas une rupture des relations diplomatiques avec lui, celle-ci peut avoir plusieurs significations.

En effet, en raison de son impact sur les relations entre les deux pays (accréditaire et accrédité), la fermeture d’un poste diplomatique ne saurait être un simple acte administratif, ne reposant que sur des considérations d’ordre intérieur. Objectivement, l’acte de fermeture peut être considéré comme un acte de « repli » négatif en matière de relations internationales. Pour le diplomate béninois à la retraite Candide Ahouansou, « La diplomatie bien comprise a vocation à s’étendre et non pas à se replier, une fois qu’elle s’est étendue. Fermer une représentation diplomatique envoie au pays accréditaire, l’image de l’inutilité des relations avec lui et se traduit, de manière discursive, par une baisse du niveau de la coopération entre les deux pays, autant dans le cadre bilatéral qu’au niveau des instances internationales. ».

Non seulement le repli est négatif, mais il donne le soupçon de « pays en difficulté ». Comme l’explique l’ancien ambassadeur plénipotentiaire béninois, fermer un poste diplomatique, c’est donner à penser que l’on est en sérieuses difficultés financières à telle enseigne que l’on n’est plus à même d’entretenir sa représentation à l’étranger. Et sur ce dernier argument, le diplomate estime que « la présomption de la seule raison financière est corroborée par la toute récente mesure du Ministre des Affaires Etrangères, visant à réduire, par décret 1727/MAEC/SG du 5 mai 2020, le personnel attaché aux chefs de mission ».

Aujourd’hui, la communauté internationale attend de voir la stratégie de rechange que va proposer l’administration Talon. Car, fermer 17 postes d’un coup, au moment même où sévit la pandémie au nouveau coronavirus et que plus que jamais, les Etats ont besoin des relations internationales pour conjuguer les efforts de riposte, relèverait tout simplement d’une décision précipitée, mal réfléchie et donc impopulaire.

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