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Climat et biodiversité : Tirer leçon de 2020 pour faire de 2021 l’année de la réconciliation

L’année 2020 a définitivement fini par convaincre même les plus sceptiques que l’Homme n’a aucun intérêt à porter de multiples agressions sur le climat et la biodiversité. Il devrait plutôt veiller à ce que ses activités n’augmentent pas le réchauffement de la planète et ne détruisent pas la biodiversité. Alors que la pandémie du coronavirus, une zoonose (issue des animaux), continue de sévir, les voix les plus autorisées appellent à faire de 2021 l’année de tous les sursauts en faveur du climat et de la préservation de la biodiversité.

Même si la thèse de la transmission à l’Homme par le pangolin est en train de perdre ses probabilités, une chose est certaine aujourd’hui : le coronavirus fait partie des maladies qui émergent et continueront à émerger selon les prévisions, à cause des impacts des changements climatiques et de la destruction de la biodiversité. Avec toutes les peines que ce virus a causées et continue de causer, aucun dirigeant soucieux des intérêts de son peuple ne peut rester insensible aux multiples appels à l’action. Dix ans en arrière, les nations avaient pris 20 engagements pour arrêter la destruction de la biodiversité.

C’est ce que l’on appelle les objectifs d’Aichi. Et pourtant, la biodiversité continue de disparaître. Les scientifiques en font le constat amer. Le rapport 2019 de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES), a averti que si rien n’est fait, un million d’espèces allaient disparaître. Cela ne peut qu’être désastreux pour l’équilibre des écosystèmes. « Il faut regarder en face l’échec des objectifs d’Aichi. Aucun des 20 n’a été atteint 10 ans après », s’exprimait lundi dernier Emmanuel Macron, le président de la République française, lors du One planet summit 2021.

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, lance un énième appel : « nous exploitons notre planète comme si nous en avions une autre. 2021 doit être l’année de la réconciliation entre l’humanité et la nature. En prenant de bonnes décisions, nous pouvons forger un chemin qui garantisse la santé pour tous, renforcer les économies et la résilience ».

Une coalition mondiale de haute ambition pour la nature

« Il ne sera pas possible d’aider les pays à lutter contre la pauvreté, sans relever les défis du changement climatique et de la perte de la biodiversité », a déclaré David Malpass, président de la Banque mondiale au One planet summit 2021. Les pays les moins nantis, notamment d’Afrique, sont particulièrement concernés par cette déclaration. Il faudrait donc veiller à ce que 30% des terres et des océans soient protégés d’ici 2030, promouvoir l’agroécologie, protéger les forêts tropicales, les espèces et la santé humaine, mobiliser les financements publics et privés.

En Afrique, un projet pharaonique visant à faire reculer le désert et à lutter contre le changement climatique, est en cours depuis quelques années et a besoin d’un véritable soutien. Il s’agit de la Grande muraille verte. Au One planet summit, l’on n’est pas passé à côté de l’occasion d’évoquer ce projet. « L’accélérateur de la Grande muraille verte que nous lançons aujourd’hui donnera l’impulsion nécessaire à la réalisation des objectifs de la Grande muraille verte sur la base des progrès réalisés jusque-là. Sa principale ambition sera de faciliter l’accès à l’ensemble des sources de financement aux partenaires et pays de la Grande muraille verte », a suggéré Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULD).

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« La Grande muraille verte est une initiative africaine pour verdir le Sahel. C’est une chance pour l’écologie, la biodiversité, l’agriculture et les populations. Pour l’accélérer, nous, acteurs du One planet summit, nous engageons en mobilisant 14,3 milliards de dollars », a annoncé le président Emmanuel Macron, initiateur de cette conférence. Une coalition mondiale de haute ambition pour la nature est mise en place pour rendre les actions plus concrètes. Tant les terres que les océans sont concernés par cette mobilisation internationale. « La méditerranée est un trésor. À nous, ensemble, de la préserver. Au One planet summit, nous lançons la Coalition pour une mer méditerranée exemplaire. Plus d’espaces protégés, fin de la surpêche, de la pollution marine et du plastique à usage unique, un transport maritime plus vert », a ajouté le président français.

L’Accord de Paris : un pacte d’espoir pour préserver la planète

La lutte contre les changements climatiques et la protection de la biodiversité sont étroitement liées. L’Accord de Paris obtenu à la Cop 21 à Paris en 2015, permet d’atteindre ces objectifs. C’est « un pacte d’espoir », selon Patricia Espinosa, secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC). « Malgré ces jours difficiles, l’Accord de Paris continue d’être un phare qui guide collectivement les nations et toutes les parties de la société vers l’avenir », a-t-elle indiqué lors du cinquième anniversaire de cet accord historique le 12 décembre dernier. Un peu comme le dit son collègue onusien Antonio Guterres, elle affirme : « 2021 est une année importante pour l’Accord de Paris ». C’est d’ailleurs à partir de maintenant que l’Accord de Paris rentre effectivement en action, même si durant les cinq dernières années, les nations ont été guidées par lui.

La tâche ne sera pas facile, mais elle ne sera pas non plus impossible, surtout si la volonté y est. « Moi je pense qu’on peut changer les choses. Mais les choses ne changeront pas du jour au lendemain. Il faut des actions concrètes pour y parvenir », a confié le président Macron. Tous ces efforts auront assurément des répercussions sur le vécu des populations. Selon le Forum économique mondial, il est possible de créer 191 millions d’emplois d’ici 2030, grâce aux opportunités liées à la protection de l’environnement. Les gouvernements ont donc tout intérêt à promouvoir une économie verte. Prendre la résolution à partir de cette année 2021 de réconcilier l’humanité avec la nature, c’est-à-dire, ne plus attenter à l’intégrité environnementale, permettra de poser les bases d’un futur résilient.

 Edem Dadzie