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Coopération germano-togolaise, 17 cordes à l’arc

Dr Gerd Müller, ministre de la Coopération économique et du développement de la République fédérale d’Allemagne

Dans la dynamique des relations entre l’Allemagne et le Togo, le ministre de la Coopération économique et du développement de la République fédérale d’Allemagne, Dr Gerd Müller, effectue une visite officielle à Lomé du dimanche 13 au mardi 15 juin 2021. Le miroir de la coopération germano-togolaise reflète un certain nombre de réalisations au Togo assurées par la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) et la Banque allemande de développement (KfW). Dans le rapport officiel de la coopération allemande, en date du 08 mars 2021, une cartographie des réalisations s’y trouve. A l’image des 17 Objectifs de développements durable (ODD), au total 17 projets-programmes sont en réalisations au Togo grâce à la coopération allemande. Alors que le diplomate allemand Gerd Müller est en terre togolaise pour prendre le pouls de la coopération entre les deux pays, quels sont essentiellement les fruits de ladite coopération.

Développement économique et durable au Togo (ProDED)

Aligné sur le principe de « ne laisser personne pour compte », de l’agenda 2030, ce programme crée des perspectives professionnelles et d’emplois durables pour les jeunes.
Sous mandat du ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du développement (BMZ), la GIZ appuie le Togo dans la création de perspectives pour les jeunes. Un système de formation professionnelle dit dual-coopérative, spécialement adapté au Togo, a été développé et sera complété par une série de qualifications techniques de courte durée.

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Toutes les approches se basent sur les structures de pilotage locales et la vaste participation des structures étatiques (décentralisées), des chambres de métiers, des centres de formation, des apprentis et des parents. Le ministère responsable, celui de la Planification du Développement et de la Coopération, est appuyé, entre autres, dans l’élaboration des curricula et dans le contrôle de qualité. Quatre zones de développement économique sont ciblées par le triennal ProDED notamment Tone, Kozah-Tchaoudjo, Ogou-Kloto et Zio-Lomé pour un montant de 9,15 millions d’euros sur la période 2021-2023. Une intention particulière est accordée à l’inclusion des personnes en situation de handicap et aux perspectives d’emplois durables.

Le ProDED entend se concentrer sur un appui plus poussé au développement de l’entrepreneuriat à travers l’outil Formation en développement de plan d’affaires (FoDA), notamment celui des personnes vulnérables. Pour ce faire, une analyse poussée de l’écosystème entrepreneurial togolais est mise en place. Le ProDED a également dans sa ligne de mire, le développement des petites et moyennes entreprises.

Des curricula modernes ont été élaborés pour cinq métiers (mécanique deux-roues, mécanique automobile, couture, électricité du bâtiment et menuiserie) et appliqués dans six villes. Plus de 1000 jeunes femmes et hommes ont été formés, ainsi que des personnes en situation de handicap. Ils ont également reçu l’appui à la création de business plan et peuvent bénéficier d’un programme d’insertion professionnel à travers un partenariat entre l’Union des chambres régionales de métiers (UCRM) et l’Agence nationale pour l’emploi (ANPE).

Augmentation de l’accès et amélioration de la qualité de formation technique et professionnelle

Les défis sont : insuffisance de la diversification et de la qualité de l’offre de formation et équipement obsolète dans les écoles professionnelles; absence d’alignement de l’offre de formation sur les besoins du marché du travail; une grande partie de la population travaille dans le secteur informel, environ deux tiers de la population togolaise travaillent dans l’agriculture; taux de chômage et de sous-emploi élevés, en particulier chez les jeunes. L’approche du programme est claire : le projet finance les composantes suivantes: Réhabilitation, élargissement et équipement d’institutions de formation publiques et privées (composantes infrastructurelle et principale) ; mesures d’accompagnement des investissements comme la formation et le perfectionnement en maniement des machines acquises, le renforcement des capacités de gestion, le développement continu de programmes de formation etc. ; le projet met l’accent sur des domaines de formation liés au secteur agricole ainsi que sur les professions liées à l’agriculture au sens large.

Pistes rurales : environ 603 km en appui

L’économie togolaise est fortement dépendante du secteur agricole. Celui-ci est également un élément central de la stratégie de l’État pour le développement économique, la réduction de la pauvreté et la sécurité alimentaire. Toutefois, en raison du mauvais état des infrastructures rurales et du réseau routier en particulier, les producteurs et les commerçants sont confrontés à des délais et des coûts de transport croissants. Cela s’applique tant au transport des marchandises qu’aux intrants nécessaires tels que la semence et l’engrais. Les principales régions de culture montagneuses sont particulièrement touchées. La réhabilitation et l’extension du réseau routier existant n’a pas lieu dans une mesure suffisante. Les mesures d’entretien sont également mal effectuées et le réseau de pistes rural se dégrade de plus en plus. Le gouvernement a mis en place le fonds d’entretien routier Safer pour l’ensemble des routes et des pistes, mais ses ressources sont encore insuffisantes. Pour ce faire, le Proqrarnme d’appui aux pistes rurales (PAPR) finance la réhabilitation des routes rurales, des pistes et des structures associées (par exemple des passages, des ponts). L’accent est mis sur les régions productrices de coton, de café et de cacao dans le pays entier et leur liaison avec les marchés d’intrants et de vente.

La réhabilitation des pistes prévue jusqu’à présent comprend environ 540 km dans les régions cotonnières et 63,5 km dans les zones de culture du café et du cacao. Cette longueur de 603 km est financée conjointement par l’AFD et la KfW. Le projet est mis en œuvre en six lots, chacun comportant des sous-lots, afin de permettre aux petites entreprises de construction routière d’y participer. Les deux premiers lots sont en cours d’exécution, les contrats pour les autres pistes ont été signés. En raison des restrictions liées au Covid-19, les activités du projet ont été retardées. Lors de la mise en œuvre, les aspects écologiques et sociaux sont explicitement adressés. Cela concerne, par exemple, les pistes qui traversent les champs des agriculteurs ou les pistes élargies qui traversent les villages. Dans tous les cas, un accord est conclu avec les propriétaires privés, si nécessaire sur la base de paiements compensatoires. Un aspect clé de la réduction du risque pour la durabilité des pistes rurales est le mode de fonctionnement de la Safer. Bien que des fonds soient budgétisés pour les pistes de terre, la priorité est souvent donnée aux pistes nationales et urbaines. Seule une petite partie est utilisée pour l’établissement et l’entretien des pistes rurales.

Agro-alimentaire au Togo : innovations vertes, les chiffres parlent

Près de 1.500 conseillers et formateurs de différentes institutions partenaires (14% femmes, 48% jeunes) et 472 multiplicateurs endogènes identifiés, ont été mis (es) en capacité (technique et andragogie) et doté(e)s de matériels didactiques améliorés développés de façon participative. Environ 150 ont été dotés de smartphones pour la connexion de leurs pairs aux marchés et l’accès aux informations à distance. En partenariat avec plus de 50 structures, 71.089 producteurs agricoles ont été formés sur les innovations (25% femmes, 27% jeunes). Il est prévu d’en former 80.000 d’ici mars 2023. Deux établissements de formation agricole, l’Infa et le CJOAP, ont été sélectionnés comme centre physique d’innovations et reçoivent un appui visant à diversifier leurs offres de formation proposées et ainsi à couvrir également la transformation. Ils ont ainsi bénéficié d’équipements de transformation leur permettant d’orienter leur curricula sur la production d’huile et de provende.

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Environ 1.300 « Champs tests d’innovation» (CTI) ont été mis en place dans les CVA soja et arachide selon une approche où les producteurs sélectionnent, testent eux-mêmes des innovations et tirent les conclusions. + 100 parcelles de démonstration (PD) ont été mises en place au niveau de l’anacarde. Les producteurs ayant adopté les innovations ont amélioré leur rendement et leur revenu d’au moins 25% principalement sur les CVA soja
et ana carde. Presque 2.537 chef(e)s d’entreprises et salarié(e)s de micro, petites et moyennes entreprises (52% femmes, 36% jeunes) ont été formés en entrepreneuriat et en technologies améliorées. Plus de 1.372 nouveaux emplois ont été créés dans des entreprises amont et aval principalement chez les pépiniéristes (anacarde), chez les semencier(e) s (soja et arachide) et auprès des transformateurs de soja. Plus de 45.000 personnes ont été informés par SMS, mass média sur des prix, bonnes pratiques ou modes d’accès aux intrants. L’accès aux semences a été facilité sur les trois CVA (mise en relation producteurs et réseau des semenciers, installation de parcs à bois). Les semences sont disponibles à proximité des producteurs à un prix préférentiel.

Sécurité sectorielle alimentaire au Togo

Les actions du programme ont eu des effets positifs sur la disponibilité alimentaire par une réduction de la prévalence de l’insécurité alimentaire de 25% au sein du groupe des bénéficiaires. Au sein du groupe cible, le nombre d’enfants qui reçoivent chaque jour une alimentation adéquate a augmenté de 35% à 49%. Plus de 27.000 femmes et hommes ont été sensibilisés par des démonstrations culinaires sur la combinaison des aliments, l’hygiène des aliments et la préparation de repas de meilleure qualité nutritionnelle. 80% d’entre
eux ont confirmé avoir acquis de nouvelles connaissances.
Dans les zones de la région Maritime où le projet intervient, la part des ménages qui cultivent le soja, un aliment riche en nutriments, est passée de moins de 10% à presque 70%. Dans la région de la Kara, le nombre de ménages qui cultivent le moringa a augmenté de près de 80%. Dans les villages bénéficiaires, depuis le début du programme, l’alimentation des femmes est déjà nettement plus variée. Plus de 8.000 bénéficiaires fabriquent du compost pour améliorer la fertilité du sol, ce qui contribue directement à une augmentation de rendement des cultures produites et par conséquent à la sécurité alimentaire des ménages.

ProDeGoL : usine de la décentralisation et de gouvernance au service du Togo

Le processus de décentralisation au Togo se trouve aujourd’hui dans une phase décisive de sa mise en œuvre. 70% des cadres du ministère de l’Administration territoriale et du ministère l’Economie et des Finances ont été formés à différentes thématiques des finances locales et de la fiscalité. Les prestations sont désormais plus performantes et permettent d’assurer une meilleure gestion de ressources financières et la reddition des comptes. L’amélioration du fonctionnement des services de gestion de l’état civil contribue au respect des droits de l’homme au Togo. Des bureaux d’état civil permettent aujourd’hui à 500.000 citoyens de jouir d’une existence légale. L’appui à l’adoption des Plans de développement communaux a permis aux six communes de planifier les mesures à prendre pour améliorer les conditions de vie des habitants, mais aussi de suivre et d’évaluer le prestations. 100% des reversements des recettes propres au municipalités en 2017 et début 2018 ont assuré leur autonomie financière et permis une meilleure couverture des besoins financiers de la municipalité pour répondre aux besoins des habitants.

Renforcement du système sanitaire santé reproductive et droits sexuels

L’élaboration et la mise en œuvre d’un plan stratégique d’amélioration de la qualité des services de santé ont amélioré l’accès aux services de qualité de 250 000 femmes en âge de procréer de la Kara; l’appui aux écoles nationales des sages-femmes de Kara et Lomé à travers un programme de stage pour les nouvelles diplômées, le développement des documents cadre de stage et une dotation de matériels pour équiper la salle de démonstration renforce la formation initiale; la formation de 536 employé.es du ministère en gestion de la qualité, de 166 monitrices en andrologie et gestion de stage, de 1 676 prestataires sur les thèmes techniques de SDSR et Covid-19 permet des offres de soins de qualité aux 957000 habitants de la Kara. Depuis 2018, le projet a contribué à une augmentation des accouchements assistés (de 62,4% à 64,8%), des quatre visites prénatales (de 30,2% à 40,3%) et de l’utilisation des méthodes contraceptives (augmentation moyenne de 15,9% par an) dans la Kara. La formation d’environ 4 000 acteurs du changement a permis d’informer d’environ 90 000 personnes sur les thématiques de la SDSR.

ProEnergie : électrification rurale au Togo

Cinq cents (500) systèmes solaires ont été installés pour des fins productives et sociales. Deux cents cinquante (250) appareils productifs sont branchés aux centrales villageoises adaptées au climat. Des entreprises augmentent leurs revenus au niveau local grâce à l’utilisation des équipements énergétiques productifs, modernes et sobres en carbone. Le mécanisme RBF est consolidé et contribue au développement du marché des équipements solaires productifs au Togo. Trois (3) centres pilotes de différentes technologies solaires productives ont été mis en place en milieu rural.

Coopération germano-togolaise : fruit de 17 programmes-projets

Au total 17 projets au Togo sont sous la houlette de la coopération allemande : Développement économique durable au Togo (ProDED), Formation professionnelle et emploi des jeunes, Programmes d’appui aux pistes rurales, Centre d’innovations vertes pour le secteur agro-alimentaire au Togo (Pro CIV), Sécurité alimentaire multisectorielle au Togo, Programme pour le développement rurale et l’agriculture (ProDRA), Projet d’appui à l’amélioration de la compétitivité de la filière ananas au Togo (ProCAT), Promotion du financement agricole (ProFinA), Forests4Future Togo.
A l’agenda de cette visite du diplomate allemand Gerd Müller, des rencontres avec plusieurs autorités togolaises sur les différents axes du partenariat germano-togolais. Il sera également procédé, informe le gouvernement, à la signature de la Déclaration d’intention conjointe du partenariat pour les réformes ainsi que le Procès-verbal des négociations intergouvernementales du 17 mai 2021.

Réalisé par Attipoe Edem Kodjo