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Gouvernement: deux ministres et des entorses à la République

Un courrier signé du ministre de l’Enseignement supérieur a fait les choux gras des réseaux sociaux dans la journée d’hier. Ministre de son Etat, supérieur hiérarchique du président de l’université de Lomé, lui-même ministre, la chienlit n’a pas eu besoin de plus d’espace pour s’installer dans ce préjudiciable terreau de cumul de fonctions. Les Ivoiriens ont l’habitude de dire, « quand ça va pourrir, ça va sentir ». C’est ce à quoi nous assistons en réalité. Tenter de circonscrire cette approche administrative totalement maladroite à cette seule correspondance serait faire fausse route.

Bien malin celui qui dira n’avoir pas vu venir cette querelle de « co-époux ». Un autre épisode avait déjà émaillé les relations entre ces deux collègues ministres, révélant au grand jour plusieurs couacs. L’un imposant une activité suspendue par son collègue sur un même territoire de pouvoir. On peut bien constater que non seulement le code de bonne conduite édicté sous le magistère de Selom Klassou …n’est pas pris en compte, mais aussi que les différents séminaires gouvernementaux qui ont jalonné l’entrée en fonction du gouvernement du Premier ministre Tomegah Dogbé, n’auront pas atteint tous les objectifs escomptés.

Au-delà de l’image d’un manque de cohésion que renvoie cette guerre entre deux ministres, il vient au grand jour une défiance et un non-respect et prise en compte de la courtoisie républicaine.
Les détails contenus dans le courrier, budget, degré d’exécution, médisances, sont des faits à traiter dans un cadre respectueux de procédures administratives.

Les échanges dans une commission que le ou les deux ministres auraient pu mettre en place peut légitimement aboutir à une simple note de service pour contraindre ou inviter les différentes entités à se rencontrer et faire avancer le projet. Le projet PARESI est-il déjà suspendu ? Le ministre invite-t-il son collègue et président de l’Université à le suspendre ? Qui a autorité à suspendre la mise en œuvre du projet ? Le ministre exprime-t-il une plainte, une doléance, un souhait ? L’objet de la lettre annonce une suspension alors que dans le fond, il n’en est rien.

En concluant son courrier avec le souhait que le destinataire prenne attache avec ses autres collègues, vient renforcer l’idée d’un malaise à clarifier au plus vite. Les relations interministérielles et le sacro-saint principe du respect de la hiérarchie sont en souffrance, car nul doute que cette sortie devra faire jaser au Secrétariat Général du gouvernement et au cabinet du Premier ministre.

Raymond Aron disait à juste titre, « la science, la politique : deux vocations profondément divergentes. L’une requiert modestie et disponibilité de l’esprit. L’autre, déchirée entre l’éthique de la conviction et l’éthique de la responsabilité, souffre d’une contradiction nécessaire qui toujours lui interdira la certitude scientifique. » C’est à croire que nos deux intellectuels-ministres font un mauvais dosage.

Françoise Dasilva