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Haac et Média : l’inquiétude

Attention ! Pourrait-on s’exclamer au regard des soubresauts qui secouent avec vagues non seulement le milieu de la presse dans notre pays, mais qui meublent également depuis plusieurs mois les relations entre l’institution de régulation et les professionnels de la presse privée. La presse tout simplement, car, cette dernière représente, à n’en point douter, 99% du secteur.

L’inquiétude est là, perceptible, tel un serpent de mer dont on ne connaît ni le début ni ne maîtrise la fin. Cette inquiétude revient comme une arlésienne chaque jour que Dieu fait au risque d’installer une sorte de méfiance et de défiance entre deux poches d’un même pantalon. Une situation préjudiciable pour la liberté de presse, la liberté d’expression, la protection de cette liberté et les rapports de respect et de cordialité qui devraient exister entre une institution de régulation et la corporation qu’elle est censée organiser et réguler.

Tout le monde gagnerait à ce que «balle soit ramenée à terre». La presse togolaise – qui vient de loin- a assurément encore un long chemin à faire. Ce qui consisterait à faire en sorte que les préjugés négatifs nourris grassement par son propre fait durant des années disparaissent au fur et à mesure. Ne l’oublions pas, et ne nous y méprenons pas, ce que nous observons aujourd’hui puise sa source dans l’histoire de la pratique du métier de journaliste dans notre pays. Une pratique qui a installé des cloisons et amené les uns et les autres à se regarder continuellement en chiens de faïence. Les rapports entre la Haac et la presse privée se sont dégradés au fil des années. Les brebis galeuses, comme on en connaît dans tout corps de métier sont devenues malheureusement la ressource principale dans la presse, empêchant ainsi le bon d’éclore et de conjurer l’ivraie comme étant une exception. Du journalisme de chantage à la confusion entre le journalisme d’investigation et le rôle de lanceur d’alerte, en passant par l’appropriation du rôle de justicier, la presse togolaise est dans un mélange de genres continuel.

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La passe d’armes entre la Haac et les organisations professionnelles de médias, suite au retrait du récépissé de « Indépendant Express », la récente suspension pour 4 mois du journal « l’Alternative », l’auto-récusation de la signature d’un membre de la Haac, la rencontre entre la Haac et les organisations qui a tourné autour de «la récréation est terminée», etc. ont certainement contribué et contribuent à dégrader davantage cette relation entre la Haute autorité de l’Audiovisuel et de la communication et les acteurs des médias . Si récréation, il y a eu, peut-on dire qu’elle se terminera de sitôt ? Les organisations de patrons de presse n’ont aucun pouvoir sur leurs membres. Aucun moyen de «coercition » réelle pour espérer siffler la fin d’un match dont elles n’ont jamais donné le coup d’envoi. En voulant mettre fin «à la pagaille médiatique», la Haac a un rôle majeur à jouer dans ce jeu de ping pong. Ne pas donner l’impression de prendre parti, surtout que dans l’opinion, on lui prête des intentions de basculer du côté des plaignants ou «du plus fort». Cette impression nourrit une chienlit qui ne dit pas son nom et donne des arguments à ceux qui pensent à tort ou à raison que l’article premier de la loi organique de la Haac qui stipule que « la Haac est une institution indépendante vis-à-vis des autorités administratives, de tout pouvoir politique, de tout parti politique, de toute association et de tout groupe de pression» n’est que pure utopie.

Et quand on sait qu’il ne s’agit justement pas de donner simplement l’impression mais d’agir conformément aux textes en vigueur, l’inquiétude risque de perdurer.

Francoise Da Silva