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Marius Bagny : «Des équipes d’ingénieurs ont commencé à travailler sur des projets de fabrication locale de certains équipements»

Marius Bagny, 1er VP chargé du secrétariat général de l’ONIT

Depuis le début de la crise du coronavirus et l’apparition des premiers cas confirmés au Togo, l’on a beaucoup vu les médecins, les forces de l’ordre et les acteurs politiques à l’œuvre sur le terrain, mais très peu d’ingénieurs. Face aux multiples appels et critiques lancés à leurs endroits par leurs concitoyens, l’Ordre national des ingénieurs du Togo (ONIT) a décidé de parler de quelques actions qu’il a posées dans le cadre de la lutte contre la pandémie au Togo. Dans cette interview qu’il nous accordée, Marius Bagny, premier vice-président chargé du secrétariat général de l’ONIT a également fait le point sur la vie de l’Ordre.

 

Le monde, l’Afrique et notre pays sont secoués depuis plusieurs mois par une pandémie, qui nécessite la contribution des ingénieurs, mais nous n’avons pas beaucoup entendu l’ONIT, pourquoi ?

 Permettez d’abord que je vous remercie pour l’occasion qui nous est offerte de nous exprimer pour une première fois depuis le début de cette année.

Vous conviendrez ensuite avec moi, que face à la nature du virus, à  ses implications et à tous les bruits, au mélange de fausses et vraies informations, à la multitude des pseudo-experts en virus, pandémie, remèdes et solutions contre le coronavirus, les ingénieurs devaient faire autre chose que de parler pour parler.

Nous avons donc très rapidement compilé les informations qui nous provenaient de sources médicales et scientifiques sérieuses pour alimenter nos réflexions en vue de proposer des solutions. Notre première action a été de sensibiliser nos confrères au respect et à la mise en place, dans leurs entreprises et sur leurs lieux de travail, des mesures de prévention qui semblaient être l’arme la plus efficace contre la contamination et la propagation du covid-19. Il nous est ensuite apparu utile d’attirer l’attention du gouvernement sur la mise en place effective de ces mesures sur nos chantiers de construction et ateliers de fabrication dans le pays tout en proposant des pistes concrètes de mesures à faire respecter par les maîtres d’ouvrages publics et privés ; ce qui a eu un échos favorable.

D’accord mais au-delà des mesures de prévention, il y avait des équipements et dispositifs qui manquaient cruellement. Qu’est-ce que les ingénieurs ont pu faire ?

 Cette pandémie aussi soudaine et déconcertante a surpris le monde entier et révélé les faiblesses et carences de divers systèmes sanitaires et scientifiques de par le monde et particulièrement chez nous en Afrique et au Togo.

Cela étant des confrères ont fabriqué des gels hydro alcooliques, des masques de protection et des dispositifs de lavage de mains nettement améliorés et à des prix très raisonnables, face à l’ampleur des besoins et aux surenchères. L’un des premiers prototypes de respirateurs qui a été présenté est l’œuvre de jeunes élèves-ingénieurs. Parallèlement à cela, une équipe d’ingénieurs continue à travailler sur un modèle plus abouti en prenant en compte toutes les contraintes.

Après avoir pris contact avec les ordres frères du domaine médical, la coordination nationale de la riposte contre le Covid-19 et l’équipe responsable du CHR Lomé Commune, pour  comprendre l’état des besoins, des équipes d’ingénieurs ont commencé à travailler sur des projets de fabrication locale de certains équipements, entre autres médicaux, pour réduire, autant que possible, notre dépendance vis-à-vis de l’Asie ou de l’Europe pour ces équipements ou systèmes.

Nous avons tous constaté comment certains pays où on fabrique des équipements grâce à des technologies universelles, ont réquisitionné leurs productions locales pour satisfaire d’abord leurs besoins nationaux. Nous n’allons pas attendre la prochaine crise pour décider de fabriquer certaines choses nous-mêmes ici.

Le monde risque d’être différent après le Covid-19. Que feront les ingénieurs ?

 Nous devons non seulement nous apprêter à vivre avec ce nouveau virus tout en le combattant, mais nous devons aussi adopter de nouvelles habitudes et précautions pour lesquelles il nous faudra de nouveaux outils, équipements et systèmes. Pendant que les scientifiques du monde médical œuvrent pour nous trouver un remède, les ingénieurs doivent travailler avec plus d’innovations, de détermination et d’engagement, pour adapter, contextualiser et fabriquer des systèmes, dispositifs et équipements qui prennent en compte les règles de précaution sanitaire et les nouvelles habitudes à observer pour éviter la propagation aussi rapide de ce type de virus. L’ingénieur togolais doit se mettre sérieusement en œuvre pour offrir plus de solutions sécurisées et pour nous sortir de certaines formes de dépendance vis-à-vis de l’extérieur sur les plans alimentaire, médical, pharmaceutique, agricole, industriel, etc.

 Où en êtes-vous de l’exécution de la loi portant règlementation de la profession d’ingénieur au Togo ?

La loi n° 2020-004 a été effectivement promulguée par le chef de l’Etat le 20 mars 2020, dans un contexte marqué par la pandémie du Covid-19 et le lancement de la riposte nationale. Nous saisissons d’ailleurs cette occasion pour remercier le chef de l’Etat, l’Assemblée nationale et le gouvernement, ainsi que nos divers partenaires qui nous ont soutenus jusqu’à cette loi.

Aujourd’hui, nous sommes dans l’attente des premiers décrets d’application de la loi pour passer à la mise en place des organes et instances de l’Ordre en vue de son fonctionnement effectif, surtout que nous avons de nouveaux défis induits par cette pandémie. Nous devons aborder et proposer des solutions pour plusieurs questions et sujets en suspens relatifs à l’ingénierie et au développement du Togo, ceci en tant que force de proposition au service de l’Etat et de la communauté nationale.

 Qui peut faire partie de l’ONIT maintenant que la loi est entrée en vigueur ?

 Le chapitre II de la loi n° 2020-004 du 20/03/2020, en particulier les articles 3, 4 et 17 répond à votre question. Dès que les décrets d’application seront pris, nous ferons une large communication pour que toutes les personnes éligibles puissent autant que possible être inscrites sur le premier tableau de l’Ordre.

 Auriez-vous un message particulier à l’endroit de vos confrères ingénieurs ?

J’appelle les ingénieurs à continuer à observer et faire observer les mesures de protection contre le Covid-19.

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