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Présidentielle 2020 en Côte d’Ivoire : Invalidation des candidatures de Gbagbo et de Soro : une décision de sages mais pas sage

Laurent Gbagbo et Guillaume Soro

Le verdict est tombé depuis ce lundi 14 septembre 2020. Le Conseil constitutionnel n’y est pas allé par 4 chemins. Ce sera sans Laurent Gbagbo et Guillaume Soro à la présidentielle du 31 octobre 2020 prochain. Sur les 44 prétendants, seuls 4 ont rempli les conditions requises pour être éligibles. Droits dans leurs bottes et calés dans leur toge de circonstance, Mamadou Koné et les siens ont rendu un verdict qui est tout sauf « sage ». Car le feu aux poudrières qu’ils viennent de mettre sera sans précédent pour le pays.

Il est de notoriété publique que les juges du Conseil constitutionnel  sont réputés n’avoir aucun parti pris. Une fois le serment prêté, leurs opinions sont réputées rester à la porte du « Conseil ». Surnommés les « sages », les juges du Conseil constitutionnel sont censés ne plus rien attendre de la vie politique, car ayant un parcours assez fourni. Ils sont censés ne rien redouter, ni être influencés par qui que ce soit, car étant dotés d’une expérience riche et significative aussi bien dans leur passé politique que familial. C’est la raison pour laquelle un juge du Conseil constitutionnel est recruté en raison de son âge avancé surtout.

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Mais, on est forcé de remarquer que cette présomption de sagesse qu’on leur octroie n’est pas souvent le cas en Afrique. La sagesse serait donc bien plus liée aux décisions prises, qu’à l’expérience et à l’âge de l’individu. Et Mamadou Koné et les siens ont, depuis le 14 septembre dernier, pris une décision qui risque de plonger encore la Côte d’Ivoire dans les abymes des violences électorales. Tout comme en 2011.

Il est certes vrai qu’il ne leur appartient pas à eux, juges du Conseil constitutionnel, de demander un dialogue entre les candidats. Mais l’exercice de leurs fonctions, qui leur confère ce titre honorable de « sage » a des implications qui dépassent le simple rôle de légiférer et de contrôler la constitutionnalité des décisions.

Un sage, dit-on, c’est celui qui sait « ménager le chou et la chèvre », sachant les deux en constante défiance. Opter pour la chèvre, c’est se laisser influencer par la loi du plus fort. Une influence qui enlève de facto le titre de « sage » à Mamadou Koné et à ses collègues qui viennent de rejeter les candidatures de Laurent Gbagbo et de Guillaume Soro. Même si, par l’artifice de condamnations, ces deux personnalités en sont venues à être radiées des listes électorales, c’est justement parce que la loi électorale est devenue celle des vainqueurs, celle du plus fort, et donc ne remplit plus sa fonction sociale.

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Laurent Gbagbo serait en train de regretter le décret spécial pris en application de l’article 48 de la Constitution, pour autoriser l’opposant Alassane Ouattara d’alors, de se porter candidat. En annonçant un mardi soir, dans une adresse à la nation, qu’il « acceptait la candidature de l’ancien premier ministre », Laurent Gbagbo s’était plié à la demande impérative du président sud-africain Thabo Mbeki, médiateur dans la crise ivoirienne.

Alexandre Wémima