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RDC/Limogeage du ministre de la justice : Félix Tshisekedi est-il en train de prendre sa revanche ?

L'ancien ministre de la justice Célestin Tunda Ya Kesende
Dans ce bras de fer qui oppose le chef de l’Etat congolais Félix Tshisekedi et le ministre de la justice, ce limogeage était prévisible. Banni depuis quelque temps du Conseil des ministres, le rôle de Célestin Tunda Ya Kasende, vice-Premier ministre, ministre de la justice ne se résumait qu’à gérer les affaires courantes de son ministère. Et même s’il avait le soutien du FCC de Joseph Kabila, le désormais ex-ministre de la justice a dû rendre le tablier ce 11 juillet 2020 sur demande du président de la République.

Sa démission était exigée depuis plusieurs jours par le président Félix Tshisekedi. En effet, l’ancien ministre avait envoyé une lettre au Parlement pour approuver les réformes judiciaires proposées par sa famille politique, le Front Commun pour le Congo (FCC, pro-Kabila), sans consulter préalablement le gouvernement. Cette démarche avait considérablement irrité Félix Tshisekedi qui avait alors dénoncé un manque de sincérité.

Cette conduite solitaire et désinvolte se comprenait à quelques égards, puisqu’au fond, la réforme judiciaire proposée visait à renforcer ses pouvoirs. Et d’autant plus qu’il est à l’origine de l’enquête de février dernier sur le programme des 100 jours du chef de l’Etat qui a conduit à la condamnation de Vital Kamerhe et d’autres responsables pour détournement et corruption, ses jours au sein de ce gouvernement étaient en réalité comptés.

Se pose alors cette question : le président Félix Tshisekedi se vengerait-il de son ministre de la justice pour avoir, par l’intermédiaire de cette enquête, jeté du discrédit sur  sa gouvernance, notamment sur son allié de premier ordre Vital Kamerhe ?

Quand bien même le chef de l’Etat s’en défend, proclamant l’intégrité et le dévouement de son désormais ex-collaborateur, tout porte à croire que l’action solitaire du vice-Premier ministre aurait été la goutte d’eau qui aurait débordé le vase.

L’intéressé joue à l’apaisement, même si son parti, le PPRD annonce des manifestations dans la semaine. Cette démission qu’il considère comme « un devoir patriotique » devrait être prise, selon lui, dans le bon sens. « Il faut positiver ce qui est arrivé, estime-t-il. C’était important et nécessaire pour la nation, nécessaire pour renforcer la coalition ». Tunda Ya Kasende ajoute qu’il reste au service de la République pour toute autre charge publique.