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Réchauffement climatique : ses manifestations sont chaque jour plus spectaculaires

Situation apocalyptique aux Etats-Unis

Alors que les Nations sont en train de boucler la cinquième année d’existence de l’Accord de Paris sur le climat, les manifestations du réchauffement climatique deviennent de plus en plus spectaculaires. Les événements météorologiques extrêmes se multiplient et mettent à rude épreuve le vécu des populations partout sur la terre. À cette allure, pourra-t-on atteindre les objectifs fixés par l’Accord de Paris ? En tout cas, il n’y a pas milles mille solutions.

Décourager par tous le moyens la course vers l’acquisition des énergies fossiles, l’exploitation minière au détriment de la biodiversité, accélérer l’adoption des énergies renouvelables afin d’atténuer les impacts des changements climatiques et aider les populations à s’y adapter : il n’y a pas d’autres voies pour réaliser les Objectifs de développement durable (ODD) en 2030, atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 et maintenir le réchauffement global de la planète sous la barre critique de 2°C à l’horizon 2100.

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Les manifestations du changement climatique se font de plus en plus percutantes. Parmi les causes les plus évoquées lors des incendies et inondations que l’on observe à travers le monde depuis quelques jours, le changement climatique vient en première position. La côte ouest des Etats-Unis, comprenant Washington, la Californie et l’Orégon, est touchée par de gigantesques feux de brousses saisonniers. Les observateurs parlent de spectacles apocalyptiques. Des vols sont annulés et ceux qui s’aventurent dans le ciel américain le font avec la peur au ventre. Des espèces animales et végétales sont anéanties.

Rien qu’en Californie, 800 000 hectares de forêts sont partis en fumée. Des évacuations massives ont été effectuées. L’on déplore d’immenses dégâts matériels et des pertes en vies humaines. Tout cela est dû aux périodes de sécheresse de plus en plus fréquentes, longues et intenses. La température ne cesse de grimper. À cela viennent s’ajouter des vents et des orages violents. Face à une telle situation, le président climatosceptique, Donald Trump, à la quête d’un nouveau mandat, est à la barre des accusés.

Mais il ne faut pas négliger le facteur biomasse. Une végétation fournie et non entretenue. Une végétation de plus en plus sèche, aussi. Et une végétation fragilisée, toujours par le réchauffement climatique. Des hivers doux sont propices à la prolifération des insectes ravageurs qui s’attaquent aux arbres, les laissant plus démunis lorsque les incendies se déclenchent. Sans oublier l’imprudence de certains qui par leurs activités et comportements engendrent ces feux, qui sont exacerbés par les facteurs climatiques extrêmes.

 

L’Afrique : toujours la plus grande victime face aux changements climatiques

Les manifestations extrêmes dues aux changements climatiques se remarquent aussi pendant la saison des pluies en cours en cette période de mousson en Afrique. L’année dernière, les pays côtiers comme le Togo et la Côte d’Ivoire ont été les plus sinistrés avec une abondante pluviométrie couvrant presque tout le dernier trimestre de 2019. Malgré les grands investissements que le Togo a faits pendant ces dernières années en matière de drainage des eaux pluviales, la situation fut rude. Les bassins de rétention ont été dépassés.

En de pareilles occasions, les infrastructures moins résilientes des pays en développement sont facilement détruites. Les maisons s’écroulent parfois en pleine nuit blessant et tuant les occupants. C’est à cela que l’on assiste encore cette année. Maintenant, ce sont les pays sahéliens et de la corne de l’Afrique qui sont les plus touchés. Le Soudan est particulièrement sinistré à cause de la crue du Nil. Il pleut en quelques jours des quantités de pluies de plusieurs semaines.

Au Sénégal, selon le ministre en charge l’Hydraulique, il est tombé en un seul jour, soit le 5 septembre dernier, plus de pluie que pendant trois mois de saison de pluie normale. « Nous avons enregistré 124 millimètres de pluie. C’est le cumul que nous recevons pendant toute la saison des pluies, de juillet à septembre », déclarait Serigne Mbaye Thiam il y a quelques jours. Le président sénégalais Macky Sall dans un discours à la nation a clairement indexé les changements climatiques comme la principale cause. Même si on peut aussi imputer cela à l’insuffisance d’assainissement et de canalisations adéquats.

Des pertes en vies humaines ont été signalées. Des centaines de milliers de personnes ont tout perdu. Des milliers d’hectares de terres cultivables englouties par les eaux et plusieurs milliers d’animaux emportés par les eaux. Cette situation n’est pas du tout propice à la sécurité alimentaire. Au Togo, les cultures sont aussi un peu détruites dans le nord du pays qui est paradoxalement le plus arrosé en cette saison, alors que d’ordinaire, c’est le sud qui est plus arrosé lors de la petite saison des pluies.

Au Soudan, les autorités ont imposé un état d’urgence de trois mois et mobilisé l’armée alors que la montée des eaux a déjà tué une centaine de personnes, plus de 100 000 maisons et fait plus d’un demi-million de déplacés. « Pour les personnes déplacées, certaines peuvent aller chez des amis ou leurs familles, mais la plupart se retrouvent dans des camps ou des tentes ou encore dans des bâtiments publics comme les écoles. Or, celles-ci doivent ouvrir dans les prochaines semaines. Alors, que va-t-il se passer ? On ne peut pas les mettre dehors, mais il faut que les écoles ouvrent. De plus, certaines écoles sont inondées. Là encore, comment préparer la rentrée des élèves ? », déplore impuissant, Tanogo Chikoto, du bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU en Centrafrique (OCHA) à Khartoum.

« Avec la montée des eaux, il y a aussi le problème des maladies comme la malaria et surtout le choléra ou encore, les serpents et les scorpions qui sont obligés de sortir et vont mordre beaucoup plus de gens. Or, avec la situation, les soins ne sont pas toujours donnés à temps. Ce sont toutes ces choses que nous devons gérer dans l’immédiat sans oublier de gérer l’après, car c’est tout aussi important », ajoute le fonctionnaire onusien.

Plusieurs autres pays africains connaissent des inondations. Il s’agit du Niger, du Nigeria, du Mali et du Burkina Faso. Au pays de Mahamadou Issoufou, l’on dénombre plusieurs morts et des milliers de sinistrés. Il n’y a aucun doute là-dessus : les impacts des changements climatiques sont de plus en plus manifestes. Chaque année la situation s’aggrave. Les canicules deviennent plus rudes, les incendies géants sont plus fréquents, meurtriers et dévastateurs, les inondations prennent de l’ampleur. Selon le secrétariat de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), une action transformationnelle globale est nécessaire si l’on veut atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.

Edem Dadzie