Restitution des biens culturels africains : Une sempiternelle promesse ?

Un projet de loi sur la restitution des biens culturels africains a été examiné le 15 juillet dernier par la France. Il sera question d’une restitution complète d’un sabre au Sénégal et de vingt-six (26) objets du trésor des rois d’Abomey au Bénin. Faut-il croire qu’enfin des actions concrètes s’opèrent en vue du retour effectif des biens culturels africains sur leur continent d’origine ?

Si d’un côté, il y a des promesses inoubliables, de l’autre il y a l’existence des débats qui méritent du rebondissement aussi longtemps que possible. Le seul continent le plus riche et à la fois très pauvre est l’Afrique. Ayant subi l’esclavage et la colonisation, le continent noir peine à se relever sans compter sur sa diaspora qui peut faire à elle seule un autre Etat.

L’adage populaire nous enseigne que si l’on ignore où on va, il faut savoir d’où l’on vient. Mais, l’Afrique a été dépossédée jusqu’au plus profond de son âme. Nous sommes dans une ère où l’identité africaine est au centre des débats. D’où la nécessité du retour des biens culturels spoliés lors de la colonisation par les colons. Il en va de l’intérêt du continent. Aussi ces biens culturels sont-ils nécessaires pour raconter l’histoire du peuple africain à la génération actuelle et celle à venir. La France ou encore la presse internationale désignent ces biens culturels (masque, trône, sabre, etc.) comme des œuvres d’art africain.

S’il faut les désigner comme des œuvres d’arts ou pas est une autre discussion. Cependant, il est impératif que ces biens qui sont d’une part la force des ancêtres africains et l’identité même de l’Afrique d’autre part, retrouvent leur sol d’origine. Justement, ces biens culturels sont l’essence de la spiritualité du continent noir. Au plus vite ces biens retrouveront le continent, et tôt on en finira avec la redondance de la thématique du retour des biens culturels africains sur le continent.

Irritation justifiée ou Révolte ?

En effet, cinq activistes ont été arrêtés en juin dernier au Musée du Quai Branly où ils avaient arraché un poteau funéraire pour dénoncer la dépossession de l’Afrique de ses richesses. Selon les informations sur le site « Le Monde », ils seront jugés fin septembre au tribunal de Paris. Est-ce que les biens culturels africains au musée du Quai Branly appartiennent au patrimoine africain ou plutôt au patrimoine français ? Une question qui mérite des réflexions assez profondes.

D’après les informations, la plupart de ces œuvres africaines se trouveraient au Musée du Quai Branly ainsi que dans les musées allemands. « Près de 2 000 œuvres se trouvent au musée du Quai Branly, en France. En Allemagne, à l’Université de Berlin, ce sont près de 20 000 à 30 000 objets qui sont répertoriés. Il en est de même à Londres et aux Etats-Unis », a révélé Lucie Tidjougouna, la directrice du patrimoine culturel du Togo.

Si ce n’est pas des publicités racistes comme « Le singe le plus cool de la jungle », ce sont des propos comme « Sales immigrés » que les Africains doivent subir de la part de certains occidentaux racistes qui ne comprennent rien au-delà de la couleur de peau.

Toutefois, l’autre nous traite mal, lorsque nous prêtons le flanc à ces genres de traitements. C’est en tout cas l’esprit du message véhiculé par le rappeur togolais Fofo Skarfo dans le titre collectif « Afrique Mon Afrique ». Comment l’Occident peut-il prendre l’Afrique au sérieux du moment que cette dernière est incapable d’assurer la circulation des biens et des personnes de ses fils en son sein ?