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Levée des conditions restrictives de Gbagbo et Blé Goudé la CPI : quid de la condamnation à 20 ans de prison de la justice ivoirienne ?

Blé Goudé (à gauche) et Laurent Gbagbo

Ils sont désormais autorisés à quitter la Belgique et les Pays-Bas, sous conditions depuis le 29 mai 2020. Assignés à résidence depuis leur acquittement en 2019 d’accusations de crimes contre l’humanité, l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé peuvent désormais se rendre dans n’importe quel pays à condition que ce pays accepte au préalable de les recevoir. Logiquement, les regards se tournent vers la Côte d’Ivoire qui les avait condamnés par contumace à 20 ans de prison. Braveront-ils ce jugement pour rentrer au pays au risque de se faire à nouveau arrêter par le pouvoir Ouattara ?

Cela rend incertain un éventuel retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, où le parti qu’il a fondé, le Front populaire ivoirien (FPI), se prépare à l’élection présidentielle prévue en octobre. « Nous sommes contents, c’était important que ces restrictions soient levées », a réagi auprès de l’AFP Franck Anderson Kouassi, le porte-parole du FPI. « On attend maintenant la date de son retour au pays. On va l’accueillir ».

L’ex-président ivoirien Henri Konan Bédié, chef du parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI), principal mouvement d’opposition, a fait part de sa « joie », estimant que cette décision de justice est « un moment de bonheur pour la majorité des Ivoiriens ». Le PDCI et le FPI ont conclu un accord politique en vue des prochaines élections présidentielles et législatives.

Mais la question ou l’inquiétude demeure cependant quant à leur récente condamnation en novembre 2019 en appel à 20 ans de prison pour le « braquage » de la Banque centrale des États d’Afrique de l’Ouest pendant la crise post-électorale de 2010-2011. Quelle sera la réaction des autorités ivoiriennes au retour très attendu de ces deux hommes dont l’ombre plane encore sur le paysage politique du pays et surtout à quelques mois de la présidentielle ?

La question vaut tout son pesant d’or dans la mesure où l’on pressentait déjà la réticence du pouvoir Ouattara à laisser rentrer au pays l’ancien président sous prétexte que le paysage politique est encore délétère. Pour preuve, et dans le même faisceau d’idées, l’autre opposant Guillaume Soro désormais a été condamné lui aussi à 20 ans de prison par contumace, et malgré l’intervention de la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples, le pouvoir ivoirien semble se murer dans sa logique de ne rien céder. Tout porte à croire que le pouvoir d’Abidjan voudrait éloigner les challengers sérieux à sa réélection d’octobre 2020 prochain.  Mais jusque-là, la route semble encore longue et semée d’embûches.

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