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Élections: Enfin, les Guinéens ont voté !

Alpha Condé

Après un énième report, les Guinéens se sont donné rendez-vous dans les urnes ce dimanche 22 mars 2020. La grande frayeur n’a pas été le risque d’être infecté par le coronavirus, mais plutôt militants de l’opposition qui ont attaqué par endroits, des bureaux de vote. On dénombre un décès et des dégâts en termes de logistique électorale.

Naturellement, l’affluence était faible en début de journée dans les bureaux de vote du centre-ville et de la proche banlieue. Après le lavage des mains obligatoire avant de procéder au vote, les quelques 5 millions de Guinéens ont pu opérer leur choix ce 22 mars 2020 pour le compte du double scrutin législatif et référendum constitutionnel.

Mais plus loin, dans les communes favorables à l’opposition, des heurts ont été signalés entre des jeunes et les forces de sécurité, près du carrefour Hamdallaye, à la Cimenterie et à Sonfonia. À Ratoma (banlieue de Conakry), des partisans de l’opposition ont attaqué des gendarmes devant des bureaux de vote dans une école. Une autre école dans la même zone a été attaquée, et le matériel électoral saccagé, en l’absence d’électeurs. Un jeune homme de 28 ans a été tué et plusieurs personnes blessées par balle dimanche à Conakry, selon ses proches et l’opposition.

Des troubles ont également eu lieu à Mamou (centre), à Boké (ouest) et à N’Zérékoré (sud-est), selon des témoins. Du matériel électoral a également été détruit dans des localités comme Kobéla (sud), Dinguiraye (nord) et Konah (nord), selon d’autres témoins. Joints dimanche par l’AFP, des responsables de l’administration territoriale n’ont pas réagi.

En introduisant son bulletin dans l’urne le matin, le président Alpha Condé n’a fait aucun commentaire sur les incidents qui ont lieu dans plusieurs banlieues du pays.

Le référendum constitutionnel et les législatives avaient été reportés à la dernière minute il y a trois semaines dans un climat de vives tensions. C’est surtout la Constitution qui déchaîne les passions. Depuis la mi-octobre, des dizaines, voire des centaines, de milliers de Guinéens sont descendus dans la rue contre l’intention prêtée à M. Condé d’essayer de se succéder à lui-même à la fin de 2020.

Le président Alpha Condé assure qu’il s’agit de doter son pays d’une Constitution « moderne ». Elle codifierait l’égalité des sexes, interdirait l’excision et le mariage des mineurs. Elle veillerait à une plus juste répartition des richesses en faveur des jeunes et des pauvres. Mais M. Condé entretient le flou sur sa volonté de briguer un troisième mandat.