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Présidentielle 2020 / Débat sur la candidature unique de l’opposition : Face à l’indécision des leaders, des religieux descendent dans l’arène

Mgr Philippe Fanoko Kpodzro

Alors que le Togo se dirige vers l’échéance électorale de 2020, une question continue, à bonne enseigne peut-être, par tarauder l’opinion publique. Au regard des derniers évènements, la célèbre formule « l’union fait la force » peut faire foi ; tant les leaders de l’opposition sont passés, un nombre incalculable de fois, à côté de la plaque (rushs solitaires improductifs, choix bancals avec des argumentaires qui résistent à l’analyse). Dans cette configuration ô combien propice au parti Unir qui érige sa domination en surfant sur les échecs répétitifs des opposants, les plus optimistes s’accordent à croire que la solution miracle viendrait d’une candidature unique de l’opposition contre le parti au pouvoir en 2020. Pour l’instant, les acteurs ont du mal à dégager cet oiseau rare, au grand désarroi des hommes religieux qui commencent par s’impatienter.

Mercredi 11 septembre à Lomé, imams, pasteurs, avec la présence de quelques acteurs politiques ont, à travers une conférence de presse, décrété des journées de jeûne, de prière et de louange afin d’intercéder en faveur de la terre de nos aïeux pour une alternance paisible et durable en 2020.

Dans les mêmes idéologies que Georges William Kouessan, président du parti Santé du peuple, les confessionnels ont souligné l’importance du choix d’un candidat unique sous-tendu par des critères non négligeables comme « être épris du bien commun, capable de faire passer l’intérêt du peuple avant les siens, être dépourvu de tout esprit de représailles et surtout avoir côtoyé le pouvoir cinquantenaire ».

S’adressant au chef de l’Etat, l’archevêque Kpodzro a crié : « Faure, mon très cher fils, il est temps pour toi de sortir par une porte honorable en refusant toute exhortation de ton entourage à te lancer dans une nouvelle bataille électorale pour la conservation du pouvoir. Tu t’en sortiras grandi. Je lance, du haut de cette tribune, un appel à tous les leaders des partis d’être ensembles pour 2020 ».

Dans cette optique, les hommes religieux ont regretté « la gouvernance au profit des partisans indélicats et incompétents ainsi que l’arrestation des adversaires politiques » ; des évènements qui selon eux « pourraient conduire le pays à des troubles sociaux imparables ».

Analysées de près, ces déclarations ont tout de même le mérite de paraître partiales. Les nouvelles réformes constitutionnelles et institutionnelles, jusqu’à preuve du contraire, permettent à l’actuel président de briguer deux mandats supplémentaires s’il dispose toujours de la confiance du peuple. Puis, au même moment, les opposants émettent, en leur sein, des doutes qui mettent à nu leur scabreuse volonté de tirer le drap chacun de son côté : « La polémique sur la question de savoir si l’opposition doit aller au scrutin présidentiel avec une candidature unique ou non est un débat stérile » ; « c’est une erreur de penser que la seule option pour remporter l’élection est la candidature unique. Donner l’impression que sans cette candidature, nous allons forcément à l’échec, n’est pas judicieux », avaient tonné Yaovi Agboyibo et Komi Wolou.

A l’état actuel des choses, la voix de la raison consisterait à battre le parti Unir dans des conditions légales, à travers les urnes. Toute autre tentative ne serait que la caricature d’une opposition sans repère et par conséquent, inappropriée à diriger le pays.