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Afrique / Mettre fin aux ingérences étrangères

Il n’est plus président de l’Union africaine (UA) depuis le 28 janvier dernier et plusieurs ont dressé son bilan, mitigé pour certains, négatif pour d’autres. Alpha Condé, militant depuis longtemps de cette Afrique des indépendances, solidaire et consciente, dépose son propre bilan, une sorte de regard croisé entre ses défis de départ et ses réalisations à la tête de cette institution qui pourrait être plus efficace non seulement avec les réformes enclenchées, mais aussi et surtout, faire cesser l’ingérence des puissances étrangères dans la gestion des crises africaines.

Dans cette interview que l’ex-président de l’UA a accordé au journal Le Monde le 1er février 2018, le président guinéen martèle et signe : l’ingérence étrangère cause plus de tort à la stabilité africaine. « Je me suis efforcé, malgré les limites, d’imprimer une nouvelle dynamique», a déclaré Alpha Condé le 28 janvier 2018, dans son discours d’ouverture du 30e sommet de l’UA, à Addis-Abeba. Ces limites, Alpha Condé ne les circonscrit pas seulement au niveau du modèle de fonctionnement de l’institution elle-même. Il estime que l’ingérence étrangère a pour une grande partie, plombé l’atteinte de certains des objectifs, notamment sur la résolution des crises en Afrique.

Le président est resté catégorique sur ce sujet. S’appuyant sur le cas libyen et ses conséquences toujours pendantes aujourd’hui, le professeur Condé s’est inspiré d’une anecdote pour montrer l’impact négatif de l’ingérence des puissances étrangères dans la gestion des conflits africains. « C’est comme si vous cherchiez une aiguille et que quelqu’un a le pied dessus. Il ne faut pas nous accuser de ne pas trouver l’aiguille !

Il faut donc arrêter de dire que l’UA ne gère pas les crises africaines. Nous n’avons pas d’agenda. Nous ne soutenons aucun camp. Ce qui nous importe, c’est le rétablissement de la paix ». S’exclame-t-il face au journaliste. Il rappelle que les chefs d’Etat africains avaient mis en garde contre les dangers d’une intervention occidentale. Aujourd’hui, les faits leur donnent raison et c’est presque impuissamment que l’Afrique assiste au chaos qui s’y est installé et qui a contaminé tout le Sahel.

Il montre aussi que l’UA a réussi à résoudre certaines crises sans l’ingérence étrangère notamment en Gambie avec le départ de Yahya Jammeh, au Zimbabwe avec le départ de Robert Mugabe, de même qu’en Angola avec Eduardo dos Santos. C’est aussi l’UA qui qui est présente en Somalie, avec sa mission, l’Amisom, au Sahel avec le G5, dans le bassin du lac Tchad avec la Force multinationale mixte qui lutte contre Boko Haram.

Alexandre Wémima