C’est une figure de l’histoire politique récente du Mali qui s’est éteinte. Amadou Toumani Touré est décédé dans la nuit de lundi à mardi en Turquie. Il venait d’être évacué de Bamako par un vol régulier mais ne reviendra que sur une civière. Il avait juste 72 ans.
Au Mali, on l’appelait surtout par ses initiales : ATT, Amadou Toumani Touré. Le 4 novembre dernier, il a célébré ses 72 ans. Militaire, du régiment parachutiste commando, Amadou Toumani Touré avait pris le pouvoir après des manifestations contre l’ancien président Moussa Traoré.
Un an après, il avait remis le pouvoir aux civils et il était devenu ce que l’on a appelé, à l’époque, « le soldat de la démocratie ». Dix ans après : tapis rouge. Il avait été élu président de la République. Grand bâtisseur, gros travailleur, il avait alors ouvert de nombreux chantiers. Il a développé son pays et proposé une politique du consensus.
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En janvier 2012, les djihadistes attaquent l’armée malienne dans le nord et en mars 2012, alors qu’il s’apprêtait à quitter le pouvoir deux mois plus tard, ATT est victime d’un coup d’État militaire. Il part en exil à Dakar. Il revient triomphalement dans son pays quelques années plus tard.
C’est dans la discrétion totale que cette figure de proue de la politique malienne s’est éteinte. Cette disparition soudaine a surpris son entourage, car, confie son médecin personnel, il avait subi des soins, notamment une opération au niveau du cœur qui s’était d’ailleurs bien déroulée. « Il avait récemment été opéré à l’hôpital du Luxembourg de Bamako, qu’il a créé, a précisé un médecin de cet établissement sous couvert d’anonymat. Tout semblait aller bien. On a décidé ensuite de l’évacuer sanitairement. Il a voyagé vers la Turquie très récemment par un vol régulier. Malheureusement, il est décédé dans la nuit de lundi à mardi. ».
Les hommages n’arrêtent pas de fuser depuis l’annonce du décès de l’ancien président putschiste. L’on retient de lui, un acteur majeur de la paix et de la démocratie malienne en dehors des missions de bons offices qu’il a menées pour la paix en Afrique. En outre, ATT a mené la mission onusienne de maintien de paix en Centrafrique en 1996 et 1997. Il a aussi été envoyé spécial de Koffi Annan en 2001 dans le pays. L’ancien président malien, alors en exil, avait réussi à organiser un dialogue politique entre les auteurs d’un putsch manqué et l’ancien président Ange-Félix Patassé.
Alexandre Wémima