Voulez-vous faire couvrir un événement par Togo Matin?

Mort par balle du jeune Agbende-Kpessou Hega : voici pourquoi il faut faire preuve de retenue

Agbende-Kpessou Hega, le jeune laveur de voiture mort par balle jeudi dernier

La retenue, voilà un mot que beaucoup ne connaissent plus aujourd’hui. Face à une situation donnée, ils ne prennent pas le temps de réfléchir avant d’agir ou de parler. Et lorsqu’ils s’en rendent compte, le mal est déjà fait. Ce qui s’est passé la semaine dernière à Avédji Sun City dans la capitale togolaise est une parfaite illustration du manque de retenue et de tolérance que l’on observe à tous les niveaux de la société togolaise. Il faut y remédier rapidement pour éviter à notre pays de plus gros drames à l’avenir.

Mais que s’est-il passé au juste au cours de cette journée ensoleillée du jeudi 21 mai 2020 ? Selon plusieurs témoins, deux militaires ont pris en chasse un jeune laveur de voiture à bord de celle d’un de ses clients sans doute. En effet, l’on a su plus tard que la voiture ne lui appartenait pas. Lorsqu’ils sont arrivés à l’intercepter, les deux militaires ont voulu retirer les clés mais sans succès.

Le jeune laveur de voiture a enfoncé les clés dans une de ses poches. L’un des militaires a voulu utiliser un couteau pour déchirer la poche et se saisir des clés, mais le jeune-homme a réussi à le désarmer mettant en difficulté les deux militaires. Un agent de la police en faction non loin de là est intervenu et a tiré sans sommation à bout portant dans l’abdomen du laveur de véhicule. Le ministre de la Sécurité et de la Protection civile le général Damehame Yark a ouvert une enquête et promis que « cet incident grave ne restera pas impuni ».

Que dit à présent le compte-rendu de la police nationale ? 

Le compte-rendu de la police nationale (CR-BRI-DGPN) apporte de nouveaux éléments. « La victime roulait à vive allure dans le quartier Sun City à bord du véhicule Nissan Almera Tino immatriculé TG 4592 AY et ayant remorqué son fils de trois ans … Penoukou Sassou âgé de 28 ans. Dans sa progression, il a failli tamponner le caporal-chef Atsonou Kodjo et le soldat de première classe Sena Folly du 2e RI aux guidons de leurs motos en tenus treillis qui venaient de s’immobiliser devant la maison du caporal-chef ».

« Constatant la conduite dangereuse du chauffeur, les deux militaires se sont lancés à sa poursuite pour lui faire des remontrances et vérifier ses pièces. Rattrapé peu avant le carrefour Sun City, les deux militaires réclamaient les pièces justifiant la conduite  du véhicule au chauffeur quand ce dernier a opposé un refus catégorique en coupant le contact puis descendre du véhicule et empochant la clé. Le caporal-chef après plusieurs injonctions sans succès, a voulu se saisir de la clé de la voiture de sa poche. C’est ainsi que la victime a désarmé le second militaire qui se tenait à ses côtés de son couteau poignard pour poignarder le caporal-chef ».

« Celui-ci a esquivé tout en recevant une légère blessure à la main droite et pris la fuite. Son second en position de faiblesse et dans la panique a trébuché dans sa tentative de fuir puis est tombé. C’est ainsi que la victime a bondi sur lui et a armé le couteau pour le poignarder. Le GPx Doukpeni de la Bac suivant la scène de près a immédiatement riposté en faisant usage de son arme de service pour sauver son frère d’arme en difficulté ».

« Cette riposte a malheureusement atteint mortellement l’agresseur. Après l’incident, une grande foule s’est réunie autour du corps et voulait s’en prendre aux agents sur place. Le renfort du GIPN et de l’Usig arrivé sur les lieux a dû faire usage de gaz lacrymogènes pour dégager la foule et permettre que le constat se fasse dans de bonnes conditions. Il faut préciser que le policier était en service anti-braquage au carrefour Sun City ». Source : Télégramme228.com

Pour la police donc, la victime a été tout simplement mise hors d’état de nuire. Chacun appréciera. Mais c’est le lieu d’appeler nos compatriotes, corps habillés comme civils, à plus de retenue. Monsieur Agbende-Kpessou aurait collaboré, qu’il serait encore en vie. L’agent qui est venu à la rescousse de ses frères d’armes, pouvait tirer à un endroit du corps qui n’entraîne pas la mort immédiate du jeune homme.

Le mal est déjà fait. Hega ne reviendra pas à la vie, même si l’on donnait vie pour vie. Les Togolais doivent simplement en tirer des leçons au lieu de proférer des menaces et des injures. Un climat de méfiance entre corps habillés et civils ne sera d’aucun intérêt pour notre pays. Que civils et corps habillés se mettent honnêtement en cause pour améliorer leurs rapports pour la paix civile. Enfin, que les politiciens nous épargnent leur opportunisme.