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Musique/ Almok : la voix des sans voix ?

Almok
La pandémie Covid-19 maintient tout secteur au bord du gouffre. Le secteur culturel en paie le lourd tribut. Les salles de spectacles sont fermées jusqu’à nouvel ordre. Nombreux sont ces acteurs culturels qui ont signé une pétition afin que l’Etat togolais leur vienne en aide. L’indignation fut grande pour des artistes en ce qui concerne la demande du ministre de la Culture, du Tourisme et des Loisirs aux acteurs culturels togolais de se reconvertir en raison du coronavirus. La chanteuse Almok est la première star à prendre la parole après le communiqué ministériel.

Suite à la demande de reconversion du ministre de la Culture, les artistes pour la plupart ne se sont pas exprimés sur le sujet. Ceux d’entre eux qui ont décidé d’en parler l’ont fait avec humour « #ReconversionChallenge ». Néanmoins ce n’est pas le cas de la chanteuse Almok qui a été on ne peut plus sérieuse au moment de prendre la parole.

« Tout ce qui dégrade la culture raccourcit les chemins qui mènent à la servitude’, affirmait Albert Camus. Cette note du ministre de la Culture n’est rien d’autre qu’une dévalorisation des œuvres des acteurs culturels togolais. Elle sonne comme un aveu de faiblesse venant d’un département censé promouvoir l’éclat de notre culture et la percée professionnelle de ses acteurs », pouvait-on lire sur sa page officielle Facebook.

L’intention du communiqué du ministre pourrait recevoir un bon accueil de la part de la communauté artistique togolaise si seulement si le mot « reconversion » n’était pas utilisé. Vu le moment, les artistes sont outrageusement frustrés. Ils ne comprennent pas que leur ministre de tutelle, Kossivi Egbetonyo puisse leur proposer une reconversion professionnelle en attendant la sortie de crise.

L’art ne nourrit pas son homme. C’est une réalité qui ne dit pas son nom sous nos cieux. Si on faisait une étude pour savoir le nombre d’artistes qui vivent uniquement de l’art dans notre pays, à peine trouverait-on dix artistes.

Pour Almok, la décision du ministre est regrettable. « Mais j’ose croire qu’il s’agit d’un faux pas qui sera très vite corrigé, car la Culture est la mémoire de tout un peuple. L’abandonner serait renoncer à notre histoire, à notre mode de penser et de vivre », a-t-elle affirmé.

Etait-elle si indignée au point d’être révoltée ? Il faut le reconnaître, elle a exprimé tout haut ce que beaucoup d’acteurs culturels togolais pensent tout bas. Sur son compte Facebook, le plasticien Richard Lawson-Body exprime encore son envie de comprendre la reconversion professionnelle avec assez d’humour et de sérénité.