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Relations OEACP-UE : le nouveau cadre de partenariat devra intégrer le contexte Covid-19

Professeur Robert Dussey, ministre des Affaires étrangères du Togo

L’Organisation des Etats d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP) et l’Union européenne poursuivent les discussions pour un accord post-Cotonou qui répond aux attentes. Le professeur Robert Dussey, ministre togolais des Affaires étrangères et négociateur en chef des pays membres de l’OEACP, dans une nouvelle tribune, pense que le nouveau cadre de partenariat devra intégrer les leçons apprises de la crise du coronavirus.

Le professeur Dussey démarre sa tribune par certains questionnements existentiels qui en valent la peine. Le monde est en effet à la croisée des chemins. « Où allons-nous d’un pas si rapide ? L’humanité va-t-elle à sa perte ou suit-elle sa propre destination ? », se demande-t-il. Il convient véritablement de se demander, pourquoi et comment l’on en est arrivé là. Et le philosophe se prête volontiers à l’exercice.

Il est clair que la pandémie du coronavirus constitue une épreuve sans précédent pour tous les pays du monde. Mais ceux de l’OEACP sont particulièrement concernés. Même si comme le dit le ministre, les prédictions apocalyptiques ont jusqu’ici échoué, il faut reconnaître que les pays de l’OEACP sont parmi les plus vulnérables au monde. « La crise du coronavirus met à rude épreuve des systèmes de santé très fragiles, sous pression les mécanismes de solidarité nationale et les économies très vulnérables. Plusieurs pays de l’organisation vivent déjà les impacts économiques de la crise. Les conséquences sont humainement coûteuses, socialement paralysantes et économiquement dangereuses », déplore Robert Dussey.

Les minces acquis obtenus il y a quelques mois sont en train d’être remis en cause. Mais que faire pour que le choc ne soit pas fatal ? « Ils doivent amener l’organisation à l’invention d’une stratégie interne de riposte aux pandémies et à mettre l’humain et le social au socle des relations avec ses partenaires », recommande le ministre togolais des Affaires étrangères. Justement, « L’humain, le social et la santé doivent être au cœur du post-Cotonou », en est-il convaincu.

Le diplomate encourage les Etats membres de l’OEACP à explorer des possibilités de coopération interne. Il cite en exemple les initiatives et mesures prises par l’organisation en collaboration avec l’Organisation africaine des agriculteurs (PAFO) contre les impacts socioéconomiques de la pandémie sur les systèmes de production agricole et de fournitures alimentaires. Les Etats membres de l’OEACP ne négligent pas les soutiens des partenaires dont l’Union européenne.

D’ailleurs, récemment, les dirigeants de l’organisation étaient en visioconférence pour appeler à une solidarité mondiale. Le chef de file des négociations entre les OEACP et l’UE pense que l’on ne pourra pas occulter les conséquences et les implications de la Covid-19 dans la signature du futur accord qui liera les deux entités.

« Sous-estimer les implications de la Covid-19 pour le partenariat OEACP-UE dans le processus des négociations traduirait un manque d’imagination en contradiction avec les ambitions des deux parties liées au progrès humain. La crise du coronavirus devient in fine un facteur qui nous oblige à faire évoluer le partenariat OEACP-UE et ceci dans le sens de l’histoire », conclut le professeur Dussey.