L’entêtement de la coalition des 14 partis de l’opposition de descendre dans les rues cette semaine, enterre-t-il définitivement le processus du dialogue amorcé par les protagonistes de la crise, il y a bientôt 2 mois, sous les bons offices du facilitateur Nana Akufo-Addo ? La question vaut tout son pesant d’or, d’autant qu’en plein processus de pourparlers et malgré le rappel par le gouvernement de l’engagement pris par toutes les parties de ne pas manifester pendant toute la période du dialogue, la coalition des 14 n’entend pas obtempérer.
Après les sorties successives de Nathanaël Olympio tout au long de la semaine dernière, c’est au tour de la coordinatrice, Brigitte Kafui AdjamagboJohnson de lever tout doute sur la volonté de son regroupement de descendre dans la rue cette semaine. Cette situation vient ternir le climat de sérénité qui doit prévaloir pour la réussite de ce dialogue.
Dans une sortie médiatique hier, elle martelait, «nous entendons manifester, nous sommes les seuls juges de l’opportunité de manifester ou de ne pas le faire. Donc pour nous c’est très clair, les manifestations sont maintenues mercredi, jeudi et samedi». Autant dire que nous sommes désormais en présence d’un dialogue de sourds. Selon la coalition, le parti au pouvoir n’a pas la bonne volonté de mener à bon port le processus de dialogue. Elle accuse le gouvernement de continuer à préparer les élections en cachette.
De son côté, le gouvernement affirme ne pas vouloir s’associer à la violation d’un engagement pris avec le facilitateur en laissant la coalition organiser les manifestations publiques. En analysant la situation, le retour à la rue ne bénéficiera ni au peuple, ni à la coalition. Pour la coalition, ayant pris un engagement moral qu’elle n’est pas bien sûr obligée de respecter, et cela ne peut remplacer la constitution sur le droit de manifester. Cette décision risque de créer un froid entre elle et le facilitateur.
Et il faudra lui rappeler qu’un engagement reste un engagement fût-il moral. Et surtout qu’elle a signé ce règlement intérieur sans en poser les limites. En reprenant les marches, l’opposition décrète l’échec du dialogue au moment où le gouvernement continue de croire en la bonne issue de ce dialogue. Elle montre également à travers ce retour à la rue qu’elle n’a jamais voulu et cru au dialogue. Ayant senti qu’elle n’est pas capable d’obtenir par la négociation ce qu’elle voulait obtenir par la rue, elle retourne à ses vieilles amours. Ajoutons que dans la lettre-réponse du ministre de l’Administration territoriale, on constate que l’opposition n’a pas évoqué la prétendue suspension du processus électoral qui d’ailleurs n’est inscrit nulle part dans les préalables comme l’est l’arrêt des manifestations de rue.
De plus le dialogue actuel étant le seul moyen pour elle d’obtenir ne serait-ce que la limitation des mandats et le mode de scrutin à deux tours, le vendanger, serait suicidaire.
Pour le peuple, cette situation entraînera encore plusieurs jours d’insécurité, de difficultés à circuler, de blocages des activités économiques. La coalition et tous ceux qui l’encouragent à retourner à la rue, doivent comprendre que le pouvoir ne perd rien dans cette affaire.
Le bon sens et l’intérêt supérieur de la nation doivent prendre le dessus. L’esprit de compromis doit prévaloir. Justement, la coalition s’est rendue hier chez le médiateur pour lui faire part de ses griefs à l’endroit du pouvoir. Tous les Togolais sont dans l’attente que cette rencontre puisse redonner un nouveau souffle au dialogue intertogolais, à propos duquel la population espère beaucoup. Retourner à la rue aujourd’hui, risque de faire échouer ce dialogue, ce qui n’arrangera pas la coalition et surtout pas le peuple qui souffre de cette situation.
Edem Dadzie
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