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C14 / La guerre de leadership était donc réelle

Tchikpi Atchadam et Jean-Pierre Fabre

A la naissance de la crise politique du 19 août 2017, beaucoup de personnes avaient affirmé que contrairement à ce que prétendaient les leaders de la Coalition des 14, l’on assistait plutôt à un positionnement des uns et des autres par rapport au leadership de l’opposition. L’Alliance nationale pour le changement (ANC) et le Parti national panafricain (PNP) seraient selon plusieurs analystes engagés dans une lutte pour le contrôle de l’électorat de l’opposition. Cette thèse fut démentie et considérée comme une machination du pouvoir pour démobiliser les militants. Mais aujourd’hui, les faits ne donnent-ils pas raison à ceux qui évoquaient une guerre de leadership ?

Dans une sortie médiatique en fin de semaine dernière, maître Isabelle Ameganvi, 2e vice-présidente de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) a rejeté de nouveau l’existence d’une guerre de leadership entre son parti et le PNP. « Si Tchikpi Atchadam à un moment donné de sa lutte a cru bon faire appel à son grand frère Jean-Pierre Fabre et que ce dernier ait répondu favorablement, c’est que cette question de leadership n’existe pas », a-t-elle déclaré. De plus, pour elle, l’ANC a été créée pour conquérir le pouvoir et l’exercer et non pour occuper le poste de chef de file de l’opposition, comme si c’était la finalité de leur lutte. Sauf que les faits sont têtus et révèlent tout le contraire. Déjà dans la même émission sur Nana FM vendredi dernier, madame Ameganvi accusait sans ménagement le PNP d’avoir causé du tort à l’ANC pendant les 18 mois de leur cohabitation.

Selon plusieurs informations divulguées par les membres de la Coalition ou certains de leurs soutiens qui se livrent aussi une guerre sans merci sur les réseaux sociaux, la situation qui prévaut aujourd’hui, ne surprend guère. En effet, au plus fort de la crise politique, l’on accusait le PNP de ne pas se soumettre au règlement du groupe. Par exemple, le parti ne participerait pas aux cotisations pour permettre à la Coalition de fonctionner.

De plus, Tikpi Atchadam et ses lieutenants ont souvent pris le contrepied du reste de la Coalition en reportant certaines manifestations pour des raisons religieuses etc… ou en programmant d’autres manifestations en solo. Une manière à peine voilée pour le parti au cheval blanc de tenir tête à ses aînés dont le président national de l’ANC Jean-Pierre Fabre, chef de file de l’opposition à l’époque. D’ailleurs le PNP n’a pas caché son exaspération lorsqu’entretemps l’ANC décida d’organiser un meeting à Agoè, zone considérée par le parti comme son fief. A l’époque, plusieurs messages audio avaient circulé sur whatsapp pour demander aux leaders de l’ANC d’aller réveiller les populations de Kodjoviakopé, Bè, des Lacs etc… parce que ceux d’Agoè sont déjà debout. Des preuves irréfutables d’une guerre de leadership. Ensuite ce fut le clash, après les élections législatives.

Le PNP a pris congé de la Coalition sans dire jusqu’à ce jour sa position réelle. Après avoir participé comme tous les autres d’ailleurs à la destruction de l’œuvre de leurs mains (la Coalition), voilà le parti qui programme une manifestation pour le 13 avril prochain. Sans doute une façon de démontrer à ses alliés d’hier que seul, il est capable de mobiliser assez de monde.
Pour des partis politiques, tout cela ne surprend pas. Mais face à une telle situation, il ne reste qu’une seule solution : les élections. Que tout ce beau monde se prépare pour les échéances à venir et le peuple togolais se chargera du reste.