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Protection et régulation des médias / La Haac amorce sa métamorphose

M. Telou (à gauche) remettant le document final au Premier ministre Klassou (à droite)

La Haute autorité de l’audiovisuelle et de la communication (Haac) avec le soutien du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), vient de se doter d’un plan stratégique quinquennal pour la période 2019-2023. Une remise symbolique du document a été organisée à l’endroit du Premier ministre Komi Selom Klassou hier à Lomé.

Depuis sa création il y a quatorze ans, la Haac s’est trouvé devant une multitude de défis à relever parmi lesquels l’évolution des technologies et l’avènement de nouveaux médias, l’imposition depuis 2006 du passage de l’analogie au numérique. Le développement des technologies de l’information et de la communication avec l’émergence des nouveaux médias en ligne a révélé au grand jour les limités de l’institution. De plus, l’institution ne dispose pas d’une administration capable d’appuyer la mise en œuvre de ses activités, afin de remplir efficacement sa mission. Les ressources matérielles et les équipements dont elle dispose ne lui permettent pas de répondre efficacement aux impératifs et évolutions de la mission de régulation, tout en étant présente sur l’ensemble du territoire national.

Or l’article 130 de la Constitution de la République togolaise enjoint à la Haac de : « garantir et d’assurer la liberté et la protection de la presse et des autres moyens de communication de masse. Elle veille au respect de la déontologie en matière d’information, de communication et à l’accès équitable des partis politiques et des associations aux moyens officiels d’information et de communication ».
La Haac en tant qu’institution de l’Etat doit se conformer aux Objectifs de développement durable (ODD). L’ODD 16 à sa cible 10 stipule qu’il faut « garantir l’accès public à l’information et protéger les libertés fondamentales, conformément à la législation nationale et aux accords internationaux ». Dans le cadre du PND, les médias ont un rôle très important à jouer notamment en ce qui concerne la vulgarisation et le suivi de sa mise en œuvre effective.

De plus, lors de la Journée mondiale de la liberté de presse, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a demandé aux gouvernements de faire des efforts pour que la liberté de presse soit respecté et les journalistes protégés. La Haac se sent donc interpellée par tous ces instruments nationaux et internationaux ainsi que ces appels à une prise de responsabilité. Mais, la mutation profonde du cadre d’exercice de la mission de régulation de la Haac pose selon le président de l’institution, Pitalounani Telou, un certain nombre de problèmes et de défis qui nécessitent que la Haac soit dotée d’une boussole, d’un cadre de planification, de programmation et de budgétisation, un document qui doit intégrer tous ces défis et définir comment et avec quels moyens elle peut les relever.
C’est ainsi que cinq constats majeurs ont été dégagé : une notoriété institutionnelle très faiblement perçue qui fragilise la Haac, une régulation limitée à Lomé et ses environs, la publicité, la communication et les vidéoclubs sont hors de contrôle, le paysage médiatique est bipolarisé et aligné, la liberté de presse est pleine mais sans souci de responsabilité. L’ex représentant résident du Pnud au Togo et actuel représentant résident du Système des Nations unies (SNU) au Togo, Damien Mama a alors proposé le soutien de son institution à la Haac.

Le Pnud a donc mis à la disposition de la Haac, trois consultants qui ont fait un travail formidable selon le président du comité de pilotage Badibassa Babaka. L’équipe a dégagé cinq axes stratégiques. Le premier axe consiste à consolider le développement institutionnel par une restructuration de la Haac qui prend en compte la réorganisation des cadres administratif et financier. Le deuxième axe vise à consolider la régulation par la couverture du territoire national par la décentralisation des services de la Haac déclinée en antennes régionales pour améliorer sa capacité réelle d’action. Le troisième axe a pour objet de consolider les cadres d’exercice et les capacités des professionnels et gestionnaires des médias, la communication et la publicité.

Le quatrième axe vise à améliorer le cadre interrelationnel avec les acteurs du secteur des médias et de la communication. Enfin, le cinquième et dernier axe a pour objet d’améliorer l’image de marque et renforcer la notoriété institutionnelle de la Haac. Tout cela a fait l’objet de validation sans oublier le budget nécessaire pour y parvenir.
« Maintenant que le plan stratégique est adopté, le plus difficile est de le mettre en œuvre » a relevé Damien Mama. Mais rassure-t-il « la présence à la cérémonie de clôture du Premier ministre et de plusieurs membres du gouvernement, témoigne d’un engagement au plus haut niveau ». Il a promis que le système des Nations unies ne va pas se soustraire à cette obligation et sera aux côtés de la Haac pour la mise en œuvre de son plan stratégique.