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Affaire Mèche Amina : au-delà de la loi, tenir compte de la dimension humaine

La situation à la société Mèche Amina continue de susciter beaucoup d’intérêt. D’une affaire de grève illicite ayant occasionné le licenciement de milliers d’employés, l’on est arrivé à la rédaction de lettres de demande de pardon et à une campagne de boycott des produits issus de cette société. Aujourd’hui, de bonnes volontés comme l’honorable Vincent Kodzo Améganvi, député du groupe parlementaire Net/PDP à l’Assemblée nationale togolaise, ont décidé de s’impliquer.

Cette affaire est en cours depuis quelques semaines et mérite que l’on s’y penche sérieusement. Des défenseurs des droits de l’Homme comme le Pasteur Edoh Komi et André Kangni Afanou ont clairement pris position en faveur des employés. Mais, en suivant de près le déroulement de l’affaire, il semble qu’il y ait eu effectivement une violation du code du travail. Selon l’honorable Ameganvi qui a rencontré les deux parties, les délégués syndicaux qui sont accusés d’avoir entraîné leurs camarades sur une voie tortueuse, affirment qu’il s’agit d’un mouvement spontané initié par les employés qui faisaient des réclamations depuis longtemps. Et ainsi, de bouche à oreille, la grève s’est étendue.

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Voilà qui montre que tout individu qui se retrouve sur le marché du travail doit maîtriser le code du travail, du moins les points essentiels qui concernent les relations avec l’employeur. Malheureusement, lorsqu’on nous dit que les gens sont recrutés sans contrat et qu’ils signent juste un papier avec la mention « Lu et approuvé », sans avoir eu le temps de lire, il y a problème. Donc, dans cette affaire, il y a visiblement eu des ratés. Mais, cela justifie-t-il cette humiliation à laquelle l’on a assisté avec l’exigence des lettres de demande de pardon ? Comme on le sait tous déjà, depuis des années, les conditions de travail dans les sociétés de la zone franche dont Mèche Amina, sont décriées. Les gens se plaignent de travailler dans des conditions inhumaines pendant des heures et pour des salaires de misère.

Lomé / Zone Franche. L’entreprise coréenne Amina fabrique des mèches synthétiques.

Nous ne sommes plus à l’ère de la déshumanisation du travail. Les théories tayloriennes ont montré leurs limites depuis des décennies. Que fait-on de l’école des relations humaines ? Les employeurs ne doivent-ils que penser à leurs profits et faire l’impasse sur le côté humain du travail ? En tout cas, cela ne peut que pousser les populations à initier des mouvements sociaux comme celui qui vise à boycotter les produits de Mèche Amina.

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Les responsables de cette société feraient mieux de ne pas ignorer ces cris de détresse. Le gouvernement de son côté devrait amener les investisseurs privés à respecter un minimum des conditions humaines du travail. Le ministre du Travail, Gilbert Bawara, est fortement interpellé dans ce dossier. Il faut bien sûr éviter de tomber dans le sensationnel comme certains ont l’habitude de le faire dès qu’un problème social ou politique survient.
Mais, la réalité est là et personne ne peut la nier. Le respect du code du travail d’accord. Mais, sans les ressources humaines, la loi ne servirait à rien et personne ne parlera d’entreprise, encore moins de profit et d’économie. L’on doit promouvoir le visage humain de la loi.

E. Dadzie