« Le 3ème mandat présidentiel » est devenu une rengaine très célèbre dans les politiques africaines. Dès que ce mode est entonné quelque part sur le continent, les populations prêtent oreilles attentives et commencent par esquisser des pas en fonction du rythme que bat tel ou tel autre candidat qui annonce son désir de briguer un 3ème mandat. En effet, de la Côte d’Ivoire au Niger, par exemple, la très populaire chanson du « 3ème mandat» ne suggère pas les mêmes mouvements, les mêmes gestuelles à exécuter.
L’expression « 3ème mandat » horripile par exemple le président Mahamadou Issoufou du Niger. Pour avoir effectivement appelé ce dernier à briguer un troisième mandat, deux acteurs de la société civile de Zinder ont été inculpés et placés sous mandat de dépôt.
Alors que Salissou Ibrahim et Issoufou Brah, les deux activistes, s’estiment de jeunes citoyens ayant apprécié les actions de développement du président Issoufou, la justice leur a reproché d’avoir posé des actes graves.
En revanche, en Côte d’Ivoire, à deux pays du Niger, c’est le président de la République himself, qui vient d’annoncer qu’il n’excluait pas la possibilité de briguer pour une 3ème fois, le fauteuil. « La nouvelle Constitution m’autorise à faire deux mandats à partir de 2020. Je ne prendrai ma décision définitive qu’à ce moment-là, en fonction de la situation de la Côte d’Ivoire. La stabilité et la paix passent avant tout, y compris avant mes principes », annonce le numéro 1 ivoirien, dans les Colonnes du magazine Jeune Afrique.
Le président ivoirien n’a pas attendu, en d’autres mots, que deux jeunes ivoiriens montent au créneau comme des thuriféraires pour porter au pinacle des actifs et des acquis de ses deux mandats. De toutes les façons, dans le contexte ivoirien, Alassane Ouattara chercherait et attendrait longuement les deux potentiels Salissou Ibrahim et Issoufou Brah, à l’ivoirienne, tellement l’atmosphère politique est chargée, délétère et très fragile. Affaire Laurent Gbagbo par ici ; équation Guillaume Soro par là….Par où sortirait Ouattara ? En tous les cas, les sorties médiatiques de plusieurs poids lourds de la politique ivoirienne, annoncent les couleurs sombres de 2020 en cas de candidature de ADO….
Pour revenir à la très répandue chanson du « 3ème mandat », mais ô combien hypersensible mêlant les matières à la fois politique et juridique, le Niger et la Côte d’Ivoire représentent des échantillons d’une Afrique où les questions de 3ème mandat sont à analyser avec prudence, tact, parcimonie…en jaugeant dans le miroir de l’histoire de l’évolution des pays et des sociétés qui les composent.
De Niamey à Abidjan, les réalités ne sont pas les mêmes. Elles ne sont ni pareilles avec celles de Kinshasa, encore moins, celles de Berlin, où le 4ème mandat de Merkel est passé récemment comme une lettre à la poste.
Que les lumières de nos jeunes démocraties éclairent les zones d’ombre de cette fâcheuse et grincheuse question de 3ème mandat qui rongent parfois plusieurs pays d’Afrique plutôt que de les bâtir et de les élever. Si la maitrise de cette question, dans notre indifférence, notre insouciance, dans notre impuissance…nous ne sommes pas sortis de l’auberge.
Dieudonné Korolakina
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