Les herbiers marins sont un élément incontournable des écosystèmes marins. Pour être conscient de leur préservation, voici ce que vous devez savoir sur eux.
Les herbiers marins sont l’un des plus vastes habitats côtiers de la planète
Ils sont présents dans les eaux peu profondes partout dans le monde, des régions subarctiques aux tropiques dans 159 pays sur six continents. On recense environ 300 000 Km2 de prairies marines à l’échelle mondiale, mais cette surface pourrait être beaucoup plus importante selon les dernières estimations.
Les herbiers marins offrent aux êtres humains divers avantages environnementaux, économiques et sociaux, ce qui en fait l’un des écosystèmes côtiers et marins les plus précieux de la planète
Ils contribuent grandement à l’amélioration de la sécurité alimentaire, à l’atténuation des effets du changement climatique, à l’enrichissement de la biodiversité, à la purification de l’eau, à la protection du littoral et au contrôle des maladies dans le monde. Les herbiers marins sont mieux protégés et fournissent davantage de services écosystémiques s’ils se trouvent à côté d’autres écosystèmes côtiers (marrais littoraux, récifs coralliens, mangroves et forêts de kelp, bancs d’huitres et de moules etc…) et y sont reliés. Il est primordial de préserver ces services écosystémiques afin de favoriser le bien-être humain et le développement.
Les herbiers marins subissent des pressions d’origine naturelle anthropique partout dans le monde
Près de 30% des prairies ont disparu depuis la fin du 19e siècle et au moins 22 des 72 espèces d’herbiers marins sont en voie d’extinction. Les rejets urbains, agricoles et industriels, l’aménagement du littoral, le dragage, la pêche et la navigation non réglementée, ainsi que les changements climatiques constituent les principales menaces. Au vu des nombreux services écosystémiques qu’elles fournissent, la disparition des prairies à l’échelle planétaire, a de graves conséquences pour les êtres humains. La conservation, la réhabilitation et la restauration de ces habitats permettraient d’inverser la tendance et de recréer les services écosystémiques perdus.
Il est urgent d’élaborer et de mettre en œuvre des politiques publiques et des mesures de gestion intégrées tenant compte des multiples avantages des écosystèmes d’herbiers marins
La conservation et la restauration des prairies peuvent aider les pays à honorer de multiples engagements internationaux, contribuant ainsi directement ou indirectement à l’atteinte de 26 cibles des Objectifs de développement durable (ODD) et d’autres objectifs stratégiques internationaux, tels que les objectifs d’Aichi relatifs à la diversité biologique, les objectifs de l’Accord de Paris, de la décennie des Nations unies pour la restauration des écosystèmes, de la décennie des Nations unies pour les sciences océaniques au service du développement durable, de la Convention de Ramsar sur les zones humides, et du cadre de Sendai pour la réduction des risques de catastrophes.
Plusieurs pratiques permettent de protéger efficacement les écosystèmes d’herbiers marins à l’échelle régionale, nationale et locale
Il convient de tenir compte des multiples pressions et des effets cumulés des activités marines et terrestres sur ces écosystèmes. Les cadres de gestion doivent reposer sur des approches transversales et être intégrés au sein des juridictions. Ils doivent s’inscrire dans la transition mondiale en cours vers des économies maritimes globales, inclusives et durables.
Les sciences participatives permettent d’infléchir et d’améliorer les politiques publiques, et ainsi de renforcer la conservation de ces plantes
Les scientifiques citoyens peuvent aider à produire des données aux fins de conservation, mettre en œuvre des projets de restauration, partager des idées et participer à la gestion des ressources naturelles et de l’environnement et à l’élaboration des politiques en la matière. La cogestion avec les riverains des écosystèmes d’herbiers marins ou des aires protégés qui les abritent permet de mener des programmes plus efficaces et complets.
Ils existent de nombreux dispositifs privés ou publics de financement de la conservation et de la restauration d’herbiers marins, plus efficaces, s’ils sont utilisés dans le cadre d’une approche mixte
Les programmes de payement pour services liés aux écosystèmes (PSE) appliqués aux herbiers marins sont encore rares, mais ils présentent un potentiel de développement et d’efficacité très prometteur. Des stratégies incluant la gestion, la conservation et la restauration des écosystèmes d’herbiers seront essentielles pour garantir l’avenir durable de l’économie bleue.
Recommandations des experts pour préserver les herbiers marins
Soutenir la constitution d’un groupe d’experts en politiques s’intéressant spécifiquement aux herbiers marins
Cela permettra d’analyser en détail l’efficacité de politiques publiques actuelles en la matière, et de formuler des recommandations à l’intention de la communauté internationale.
Réaliser une carte mondiale complète de la répartition et de l’état de santé des prairies marines
Poursuivre et coordonner les programmes visant à combler les lacunes des corpus des données mondiaux relatifs à la superficie et à la répartition des écosystèmes d’herbiers marins : consolider les réseaux de suivi déjà en place sur le terrain, étudier le potentiel de la télédétection et investir dans la gestion des données en vue de maintenir une base de données mondiale sur le long terme.
Financer des projets visant à mieux comprendre et quantifier la valeur des biens et des services écosystémiques des herbiers marins
Il convient de tenir compte des différentes espèces d’herbiers marins et d’accorder la priorité aux biotopes sous-représentés (littoraux d’Amérique du sud, d’Asie du sud-est et d’Afrique de l’ouest).
Faire prendre conscience de l’importance économique et sociale des herbiers marins et des conséquences de leur disparition
Sensibiliser davantage le public au caractère emblématique des herbiers marins en mettant en évidence les biens et les services qu’ils fournissent à l’humanité.
Elaborer des plans d’action nationaux en faveur des écosystèmes d’herbiers marins
Ces plans doivent être en phase avec les divers engagements internationaux et contribuer à leur réalisation. Ils doivent être correctement intégrés et tenir compte des liens existant entre les herbiers marins et les autres écosystèmes à proximité (récifs coralliens, mangroves, forêts de kelp, marais salés, bancs de mollusques, ou de crustacées etc…).
Intégrer la protection des herbiers marins dans la planification et la mise en œuvre du cadre mondial pour la diversité, à l’après 2020
Il convient d’adopter des objectifs spécifiques, mesurables, réalisables et pertinents et limités dans le temps applicable aux écosystèmes d’herbiers marins à l’échelle mondiale. Ce point pourrait être inscrit à l’ordre du jour de la Conférence des parties (CDP) à la Convention sur la diversité biologique (CDB) de 2020 et constituerait une avancée positive pour la protection de ces écosystèmes et du littoral en général.
Intégrer des interventions en faveur des écosystèmes d’herbiers marins dans les plans relatifs à la décennie des Nations unies pour la préservation des écosystèmes et à la décennie des Nations unies pour les sciences océaniques au service du développement durable
Fixer des objectifs en matière de restauration des écosystèmes d’herbiers marins et financer des programmes de recherche et de suivi des herbiers marins axés sur la sécurité alimentaire, la réduction des risques de catastrophe, et l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de ses effets.
Reconnaitre dans les Contributions déterminées au niveau national (CDN), le rôle essentiel des herbiers marins dans l’adaptation au changement climatique et l’atténuation de ses effets
Inclure les écosystèmes d’herbiers marins dans les inventaires nationaux des émissions de gaz à effet de serre, dans les rapports de différents niveaux soumis au Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec), et dans les rapports d’avancement des CDN.
Valoriser la protection des herbiers marins dans le programme de développement durable à l’horizon 2030 et les autres programmes politiques internationaux
Intégrer des indicateurs relatifs aux herbiers marins dans les dispositifs de suivi sur le terrain et par télédétection, notamment ceux établis dans le cadre des Objectifs de développement durable (ODD), de l’Accord de Paris, de la CDB et du cadre d’action de Sendai.
Accroître les financements nationaux, bilatéraux et multilatéraux nécessaires pour mener des interventions globales de conservation et de gestion durable des écosystèmes d’herbiers marins
Repérer les volets de financement intéressants des fonds multilatéraux pour l’environnement. Etudier la possibilité de mettre en place un fonds mondial de protection et de restauration des herbiers marins et de renforcement des capacités en la matière.
Mobiliser les parties prenantes à tous les niveaux et encourager l’établissement de partenariats visant à faciliter l’intégration de programmes de conservation des herbiers marins dans la planification et la mise en œuvre
La participation et les connaissances des communautés locales et autochtones sont primordiales pour garantir la réussite et la pérennité des interventions.
Augmenter le nombre d’aires marines gérées localement (AMGL) qui incluent la gestion des écosystèmes d’herbiers marins ou qui sont axées sur cette activité
Sachant que seules 26% des formations d’herbiers marins recensées se trouvent dans les aires protégées, c’est une intervention essentielle pour prévenir leur disparition et préserver les services écosystèmiques qu’ils rendent à l’humanité.
Mettre en place des subventions et des incitations économiques pour favoriser la conservation et la restauration des herbiers marins
Encourager la mise en place d’incitations économiques ou incorporer la protection des herbiers marins dans les programmes PSE en cours afin de financer des activités locales de protection et de restauration. Elaborer des méthodes et des guides visant à faciliter l’introduction des écosystèmes d’herbiers marins sur le marché de droits d’émission de carbone.
Source : Pnue