Indépendance du Togo : Jean-Pierre Fabre croit-il avoir été fidèle à l’esprit de « l’ablodé » ?

A l’occasion de la célébration du 60^e anniversaire de l’indépendance de notre pays, le président de l’Alliance nationale pour le changement (ANC), Jean-Pierre Fabre, a livré un message à ses compatriotes et à ses militants. Comme d’habitude, le maire du Golfe 4 n’a pas raté l’occasion de jeter la pierre aux autres. Mais, monsieur Fabre croit-il être resté fidèle à la vision des pères de l’indépendance du Togo ?

Tout au long de l’histoire de notre pays, beaucoup d’acteurs politiques ont eu à revendiquer l’héritage des pères de l’indépendance. Parmi eux, le fils de Sylvanus Olympio, Gilchrist Olympio président national de l’Union des forces de changement (UFC) qui a d’ailleurs pour slogan, « Ablodé Gbadja ». L’ANC qui est née d’une scission avec l’UFC, revendique aussi cet héritage.

Mais qui au juste peut aujourd’hui revendiquer l’héritage des pères de l’indépendance ? Il faudrait que Sylvanus Olympio et ses compagnons reviennent du séjour des morts pour situer l’opinion, ce qui n’est pas prêt d’arriver. Cela laisse donc la latitude à tout Togolais de parler en leur nom. Et au moment où l’on commémorait les 60 ans de l’indépendance du Togo, Jean-Pierre Fabre affirme dans son discours que l’on vit au Togo, « un renversement total des valeurs de l’ablodé, marqué par le règne de l’arbitraire, du tribalisme et de l’injustice ». Voit-il juste ?

Certes, le parcours n’a pas été parfait. Mais doit-on conclure que le rêve des pères de l’indépendance a été trahi sur toute la ligne ? Quelqu’un peut-il affirmer aujourd’hui avoir cerné entièrement la pensée de nos ancêtres et avoir fidèlement marché dans leur pas ? La situation que notre pays et d’autres ont vécue depuis leurs indépendances mérite que l’on fasse preuve de beaucoup d’humilité et de réserve.

Heureusement que dans son message, Jean-Pierre Fabre semble revenir à de meilleurs sentiments. «Je crois que l’heure est venue pour que dans un sursaut patriotique, toutes les filles et tous les fils de notre cher pays puissent se mettre autour d’une même table, pour parvenir à un compromis historique, qui permettra au Togo de redémarrer et de réorganiser sa vie politique, sociale et économique sur des bases nouvelles », écrit-il.