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Production d’huile de coco et exportation de la noix : Sur les traces de la réalité

Les cocoteraies dont dispose le Togo constituent des sources de revenus substantiels pour nombre de paysans. Cependant, l’exportation de la noix de coco constitue une entrave dont voici les réalités.

Au Togo, la production d’huile de coco connaît une baisse ces dernières années, peut-on lire dans le quotidien national Togo-Presse.

Une diminution liée à la hausse du prix de cette matière première désormais exportée à des valeurs mieux rémunérées vers le Nigeria et l’Europe pour des produits finis. A titre indicatif, de 1000 à 1300 FCFA dans un passé récent, le tas de quarante noix de coco est passé à 2000, voire 2500 FCFA, selon que la noix est bien mûre et sèche ou moins.

Avec l’exportation, les noix ne sont plus vendues à crédit. Ainsi, le planteur préférant, être payé en même temps, ne tolère plus les ventes à crédit pour se faire rembourser après la vente de l’huile dans les marchés d’Agouégan, les lundis, ou d’Aklakou, les jeudis. Du coup, des bonnes femmes peu fortunées sont évincées de l’activité de production d’huile, entraînant une pénurie de cette denrée, explique M. Attidiga Adjété Akouété Covi, un cadre de banque à la retraite,  rencontré par nos confrères de Togo-Presse.

Ayant fait toute sa carrière à l’ancienne Banque togolaise de développement (BTD), aujourd’hui Orabank, depuis sa retraite méritée, il partage sa vie entre Lomé et Séko, son village natal, à quelques kilomètres de la ville d’Aného, où il s’est trouvé une nouvelle passion, la production d’huile de noix de coco. Une activité jusque-là chasse gardée des femmes de la localité, qui raffinent traditionnellement cette huile depuis plusieurs décennies.

La production de cette huile à base de noix de coco, notamment à Séko et dans les villages environnants, était une activité détenue par les femmes qui y tiraient l’essentiel de leurs ressources pour faire bouillir la marmite dans le foyer et assurer les frais de scolarité de leurs progénitures. Aujourd’hui encore, la localité abrite d’immenses cocoteraies qui constituent des sources de revenus substantiels pour de nombreuses familles.

L’huile de coco  de plus en plus disparate

 « Depuis quelques années maintenant, de passage au village, il devient de plus en plus difficile de se procurer facilement de l’huile de coco pour sa propre consommation. Si tu arrives à en trouver, c’est parfois à prix d’or ! L’huile de coco tend progressivement à disparaître de notre cuisine au profit des huiles venues d’ailleurs et parfois de qualité douteuse », déplore l’ancien cadre de banque.

Et de relever «Et pourtant, l’huile de coco recèle, selon de nombreuses études, d’énormes qualités nutritives, elle a toujours été le compagnon fidèle de nos mères et grand-mères dans leur cuisine, en encourageant et en encadrant les femmes à reprendre la production de l’huile de coco bio ».

A son avis, l’huile produite chez lui à Séko, Djéta et dans les autres villages environnants, « a toujours été bio car, préparée pendant tout le processus à la main, sans aucun ajout chimique ».

Fo Covi explique que son initiative suit aujourd’hui, « les pas de nos grands-mères car, comme le dit l’adage, c’est au bout de l’ancienne corde, qu’on tisse la nouvelle. La différence, c’est que dans cette nouvelle entreprise, mon rôle consiste à mettre à la disposition des femmes avec qui, je travaille, la matière première, c’est-à-dire les noix de coco en quantité, tout en veillant à l’amélioration de l’hygiène par le perfectionnement du cadre et des outils de production ».

Et de rassurer : « le partenariat avec les femmes de la localité est basé sur le principe « gagnant-gagnant» où chacun trouve son compte et la production se fait en respectant les règles de qualité approuvées.  La qualité de notre produit est une exigence première pour nous. C’est pourquoi, nous nous sommes tournés vers l’Institut togolais de recherche agronomique (Itra) et l’Institut national d’hygiène (INH) qui ont apprécié et certifié notre huile comme répondant aux normes de qualité »

« Nous ne produisons pas que de l’huile de coco, encore appelée huile de coprah pour l’alimentation. Nous en produisons également pour les esthéticiens qui l’utilisent dans la fabrication des produits de beauté, grâce à son pouvoir hydratant », précise-t-il, avec une insistance sur les bienfaits de cette huile sur la santé humaine. « Quand nous étions enfants, avant d’aller à l’école les matins, nos mamans enduisaient nos corps d’huile de coco qui rendait nos peaux bien noires et lisses », se rappelle-t-il. « Je ne fais pas de la publicité pour cette huile » se défend-t-il avec un air franc, avouant que « la vérité est que l’huile de coco est une huile exceptionnelle, un produit togolais que nos compatriotes doivent consommer pour leur bien ».

Tout compte fait, Fo Covi reste optimiste concernant l’avenir de son entreprise qui n’échappe pas aux difficultés pour ses débuts.

« Comme dans chaque entreprise, les difficultés ne manquent pas. La première dans mon nouveau métier est la mise à disposition de la matière première. Il faut passer du temps à faire le tour des cocoteraies pour acheter les noix en quantité afin d’assurer la continuité de l’activité. La cueillette dans les champs de noix de coco s’effectue au moins chaque trois ou quatre mois. Comme nous ne sommes qu’au début trois (3) ans seulement de vie, nous tenons. Mais nous pensons que  l’idéal pour l’avenir serait d’avoir des cocoteraies sur de grandes surfaces pour être à l’abri des ruptures de stocks ».

A ces difficultés, il ajoute celle de l’argent. « Pour l’instant, j’évolue sur mes propres économies. Au fur et à mesure que mes activités vont s’agrandir, il faudra se tourner vers d’autres sources de financement, une autre bataille en perspective ! Dans tous les cas, je ne regrette pas d’avoir consacré ma retraite pour cette activité qui me permet de m’éloigner de l’ennui, du vice et du besoin, comme le dit Voltaire dans Candide », dit-il avec beaucoup de conviction et de fierté. Il est visiblement content de participer à la régénérescence d’une activité en voie de disparition dans sa localité.