Le projet de révision constitutionnel avait besoin de 66 voix pour être adopté. 62 pour, 19 contre, une abstention. La conséquence logique et légale, c’est le référendum. Mais si au Bénin, se référer au choix du peuple en dernier ressort dans de pareilles situations ne souffre d’aucune contestation, au Togo, par contre, la procédure légale s’est heurtée tout dernièrement au refus d’une opposition qui semble proposer une autre voie à la majorité au pouvoir : la démission pure et simple. Analyse de deux réalités contextuelles similaires, mais éloignées l’une de l’autre de par les stratégies adoptées.
La proposition de modification constitutionnelle visait à introduire dans le texte fondamental du pays, 4 propositions majeures qui rendront, selon les initiateurs, une nouvelle vitalité à la démocratie béninoise : l’abolition de la peine de mort, un quota pour augmenter la représentativité des femmes au Parlement, la création d’une Cour des comptes et le regroupement de toutes les élections en scrutins généraux organisés au même moment.
L’opposition béninoise, bien que mise en minorité dans ce Parlement, a réussi à bloquer cette proposition de loi, qui selon elle, est un piège. Elle avance, comme argument, notamment sur le cas des élections groupées, le risque de faire sauter la présidentielle de 2021, ou, sous-couvert de modification, la majorité peut faire glisser le fameux projet du mandat unique.
Heureusement donc pour l’opposition, le texte a manqué le quota des 4/5 requis pour être adopté. Ce qui ouvre la voie à un référendum qui, selon la loi béninoise, devrait être convoqué cent vingt jours avant le jour du scrutin.
Sentiment de satisfaction à l’opposition parlementaire, même état d’esprit au sein des états-majors du FCBE de l’ancien président béninois Yayi Boni qui salue « les députés de la minorité parlementaire qui ont fait preuve de clairvoyance en envoyant l’amendement de la Constitution du 11 décembre 1990 à la consultation populaire par la voie du référendum ».
Au Togo, pays limitrophe du Bénin, dans des conditions similaires, le référendum est l’étape qui semble faire peur à l’opposition parlementaire qui a, elle aussi, fait échec au projet de révision constitutionnelle du pouvoir togolais en septembre 2017.
L’on avance dans les rangs de l’opposition togolaise l’hypothèse selon laquelle les consultations électorales sont généralement truquées. Et pour se dérober à leur responsabilité politique, l’opposition parlementaire qui refuse ce référendum comme le prescrit la Constitution en vigueur, joue sur les manifestations de rue pour carrément faire partir le pouvoir suivant leur mot d’ordre « Retour à la Constitution de 1992».
L’on est donc en droit de se poser la question de savoir à quel jeu démocratique joue l’opposition togolaise qui bloque le projet de révision, et qui refuse aussi d’aller consulter le peuple sur le texte en discussion ?
Alexandre Wémima
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