« Il faut sortir du statu quo », a déclaré – parlant du Togo – le président français Emmanuel Macron, depuis le Nigéria où il était en visite la semaine dernière. « Cette goutte de phrase », dans l’océan des propos tenus par le président Macron, fait curieusement déborder le vase des entendements politiques dans notre pays, suscitant des commentaires les plus passionnés et les plus aveuglés.
Pourtant en suivant les définitions des dictionnaires, « statu quo », cette locution latine désignant une situation « figée », « n’évoluant pas » .et son utilisation dans notre contexte, ne souffrent d’aucune ambigüité. Alors, pourquoi tant de commentaires, tant de vues, tant de passions…bref, pourquoi tant de philosophies autour du terme « statu quo»?
Naturellement, quand on refuse d’admettre certaines réalités et qu’on est plutôt narcissique à lécher goulument sa propre vérité, il parait normal d’estimer que le « statu quo » a toujours existé au Togo et de situer le « statu quo » en question avant la période où la crise présente a été enclenchée. Mieux, quand on manque de réalisme politique, il est facile de sombrer dans les pires confusions qui consistent à loger à la même enseigne, appel à sortir du « statu quo », « Réformes » et « Transition ». Aucune commune mesure entre ces trois lieux et la Coordinatrice de la C14 se noie dans sa philosophie du « statu quo » : « pour nous, cela veut dire tout simplement qu’il nous faut faire les réformes pour créer les conditions d’élections véritablement démocratiques et transparentes… Il nous faut leur montrer qu’il y a une rupture dans la gouvernance.
Et cela ne peut se faire que par une transition au cours de laquelle il y aura une mise en œuvre consensuelle de l’accord que nous aurons trouvé. Et enfin, que nous puissions aller aux élections à la fin de l’année.» Il est important de relever dans les propos de cette dernière, l’annonce des élections pour la période de fin d’année. Cela n’est pas anodin venant d’elle.
Il y a urgence de mettre fin au statu quo !
Tous les Togolais sont d’accord dessus, à commencer par le gouvernement qui a introduit un avant-projet de loi à l’Assemblée nationale au lendemain du déclenchement des soulèvements.
Depuis que l’opposition a refusé de s’intéresser à cet avant-projet, nous sommes pris en otage par une coalition de l’opposition, qui malgré ses ratés systématiques sur plusieurs plans, a la quasi assurance d’être le porte-voix du « peuple » pour d’abord dialoguer avec le pouvoir, pour opérer ensuite des Réformes et décider de la suite à donner à tous les événements.
Les Togolais semblent malheureusement devoir se résigner au maintien de « ce statu quo » inacceptable. Et c’est là l’autre sens des « statu quo » au Togo. Pendant ce temps, les problèmes du Togo ne se règlent pas. Les changements, qui permettraient au Togo de mieux relever les défis qu’il a à affronter, n’arrivent pas. Cette situation résulte en grande partie de notre incapacité collective à régler la question nationale.
Car parmi tous ces philosophes « du statu quo », il y a ceux qui croient avec raison que les Togolais doivent, entre eux-mêmes se surpasser, dépasser tous les clivages, prendre une importante hauteur pour se prendre en charge et résoudre tous les problèmes entre eux. Surtout que de Macron à Alpha Condé, de Muhamadu Bahari à Nana Akuffo-Ado, etc. nul n’a la baguette magique pouvant solutionner la crise qui agite le Togo depuis bientôt un an, si ce n’est ce confus appel à en finir avec le « statu quo ».
Dieudonné Korolakina
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