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Action climatique : « les dirigeants politiques sont capables de prendre des mesures décisives et de grande envergure lorsqu’ils sont convaincus de leur nécessité »

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, l’immobilisme constaté dans la lutte contre les changements climatiques n’est pas une fatalité. Le phénomène est peut-être irréversible, mais il est possible de prendre des mesures efficaces pour y faire face. Et les dirigeants politiques sont capables d’exploits. En tout cas, c’est ce que pense Patricia Espinosa, secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC).

Lors du tout premier événement de « l’élan de juin pour le climat », la cheffe du service des Nations unies en charge de la lutte contre les changements climatiques a surpris plus d’un avec ses propos. « Nous avons vu que les dirigeants politiques sont capables de prendre des mesures décisives et de grande envergure lorsqu’ils sont convaincus de leur nécessité », a déclaré Patricia Espinosa. Voit-elle juste ? Bien sûr qu’elle ne se trompe pas. En effet, dans le cadre de la lutte contre la pandémie du coronavirus, tout le monde peut témoigner que les dirigeants politiques ne se sont pas économisés. Ils se sont dépensés sans compter pour leurs compatriotes. Des moyens exceptionnels ont été déployés pour prévenir la maladie, prendre en charge les cas positifs et organiser la riposte.

Même les dirigeants qui au départ voulaient encore se singulariser ont dû rapidement se résoudre à l’évidence en prenant les mesures qui s’imposaient. Mais pourquoi cette sollicitude de la part des dirigeants du monde entier ? Pourquoi cette mobilisation sans précédent ? Peut-être parce-que comme le dit Selwin Hart, le conseiller spécial du secrétaire général des Nations unies pour l’action climatique : « Nous sommes au cœur d’une crise que le monde n’a pas connue depuis la création des Nations unies».

Mais aussi, peut-être parce-que comme le pensent certaines personnes, le coronavirus est une réelle menace pour la stabilité économique, politique et sociale dans les pays et qu’elle n’épargne personne. Des stars et de hautes personnalités ont été touchées par ce virus. Certains en ont même succombé. Alors, la crainte que le virus échappe à tout contrôle aurait-elle pu pousser les dirigeants mondiaux à l’action ? Sans doute. Ce n’est qu’une bonne chose. Ce sont les populations qui gagnent. En restant dans la logique des déclarations de Patricia Espinosa, l’on s’attend également à ce que le climat bénéficie de la même mobilisation. En effet, comme on le sait désormais, plusieurs maladies comme le coronavirus ont un lien direct avec les problèmes environnementaux.

De plus, selon les prévisions, si des mesures ne sont pas prises pour atteindre les ambitions de l’Accord de Paris sur le climat, l’on devra s’attendre à vivre des fléaux encore plus graves que le coronavirus.

Les dirigeants mondiaux sont très attendus sur la problématique de l’action climatique

Même si madame Espinosa est contente de voir les effets positifs des mesures prises pour lutter contre le coronavirus, sur l’environnement, elle reconnaît que cela ne sera que de courte durée. « Les réductions de CO2 basées sur le coronavirus ne constituent pas un modèle d’action climatique à long terme. Elles sont trop perturbatrices sur le plan économique. Mais elles permettent de lever les rideaux de smog. Elles nous montrent qu’il est possible d’avoir un ciel plus propre et des rues moins encombrées », affirme-t-elle. Mais elle est convaincue d’une chose : « Un avenir plus vert et plus sain est possible ». Pour cela, il va falloir s’activer sur les questions liées à l’adaptation, l’atténuation, la science, le financement, la technologie, le renforcement des capacités, la transparence, l’égalité des sexes, l’action pour l’autonomisation climatique, la préparation et la présentation des nouvelles versions des Contributions déterminées au niveau national (CDN).

Cette dernière action est particulièrement urgente. Les CDN sont l’une des composantes essentielles de l’Accord de Paris et permettent aux pays d’identifier clairement leur apport dans la réduction globale des émissions de gaz à effet de serre. « Aujourd’hui, nous avons l’occasion de faire preuve de leadership, d’améliorer la vie et l’avenir des gens. Présentons des CDN améliorés et aidons nos sociétés à se remettre de la Covid-19 d’une manière plus propre, plus inclusive et plus durable », ajoute la présidente de la Cop25, Carolina Schmidt.

Selon Marianne Karlsen, présidente de l’organe subsidiaire de mise en œuvre (SBI) du secrétariat de la CCNUCC, tout n’est pas perdu pour l’année 2020. Elle demeure l’année de « l’action », d’après elle. Mais à une seule condition : «Ce qu’il faut maintenant, c’est s’assurer que nous nous préparons à une reprise après Covid-19 qui nous amène jusqu’aux objectifs de l’Accord de Paris, et non nous en éloigne », conseille la spécialiste. Les pays les plus industrialisés (ceux du G20 notamment) sont appelés à montrer la voie. Les Etats-Unis de Donald Trump doivent sans tarder rejoindre l’Accord de Paris.

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