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Côte d’Ivoire /Restriction des manifestations publiques : Alassane Ouattara dans une stratégie de prophylaxie ?

Alassane Ouattara

 

Alors que son homologue malien est dans les bonnes grâces des militaires qui l’ont évincé du pouvoir le 18 août 2020 dernier, le président Alassane Ouattara veut éviter le pire. Ou du moins, essaie-t-il, en homme prévoyant, de prévenir l’escalade. Mercredi 19 août 2020, en Conseil des ministres, le président Alassane Ouattara prend un décret qui exprime ses craintes : les manifestations sur la voie publique sont suspendues jusqu’au 15 septembre 2020. Au risque de heurter les libertés publiques en Côte d’Ivoire, le président ivoirien se réfugie-t-il dans l’état d’urgence sanitaire en vigueur et les récentes violences meurtrières qui ont émaillé certaines manifestations la semaine dernière pour éviter le scénario du 18 août malien ?

La question vaut tout son pesant d’or dans la mesure où à l’annonce de quelques mesures fermes prises par la communauté internationale, notamment la Cedeao, la Côte d’Ivoire a été le seul pays à ce jour, à avoir fermé ses frontières avec le Mali.

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De plus, la fermeté du président Ouattara sur le retour d’IBK à la tête du Mali pour organiser la transition reste une preuve tangible que le président ivoirien est aux abois. Normal, disent plusieurs analystes, puisque dans son pays, la difficile marche vers un 3ème mandat s’est engagée par de grandes manifestations dans le pays avec, à la clé, des morts et des dégâts matériels. D’ailleurs, plusieurs autres manifestations sont encore annoncées dans les prochains jours et l’opposition qui ne décolère pas, promet des regroupements gigantesques dans le pays.

La décision est plutôt présentée comme étant la résultante des manifestations de la semaine dernière qui ont parfois donné lieu à des débordements violents. Les sources officielles font état de 6 morts, 173 blessés et 69 arrestations. Parmi les personnes arrêtées, certaines figures de la politique, comme la présidente déléguée du GPS (le parti de Guillaume Soro), Anne-Marie Bonifon, ou l’activiste Pulchérie Gbalet.

Difficile de croire à la version du gouvernement dans ce contexte ouest-africain marqué par un putsch militaire au Mali voisin. Mais de toutes les façons, le président ivoirien a tout intérêt à adopter une position prophylactique au risque de se réveiller un beau matin dans les appartements d’une prison apprêtés par des mutins de son armée.

Alexandre Wémima

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