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Guinée/Présidentielle 2020 : Cellou Dalein Diallo et la difficile candidature à la présidentielle de 2020

Cellou Dalein Diallo

Il se serait dédit. Pour quelqu’un qui soutenait mordicus le boycott, si d’aventure Alpha Condé se présentait une nouvelle fois, Cellou Dalein Diallo aurait fait le triste choix de ravaler son crachat. On se rappelle des jours et des mois durant, le chef de file de l’opposition guinéenne battait pavés et marées pour dénier à l’actuel chef de l’Etat, toute éligibilité à la magistrature suprême. Le constat est là, amer et presque triste. Mais les Guinéens devront faire avec car, comme on le soutient souvent, la politique serait l’art de s’adapter aux situations. Mais à quel prix ?

 Au prix de perdre cette petite crédibilité aux yeux du peuple guinéen. Au prix de tant de sacrifices et de promesses. Car, comme on pourrait le remarquer, la valeur d’un homme d’Etat se mesure aux promesses qu’il tient et la vision qu’il imprime à sa gouvernance. Pour Cellou Diallo, la volte-face était inévitable au vu de l’échec cuisant du boycott du double scrutin de mars dernier.

Les leçons du boycott du double scrutin de mars 2020

Petit audit du boycott du scrutin législatif et du référendum de mars 2020 dernier. Le parti UFDG n’avait pas eu son mot à dire face à la victoire du « OUI » au référendum constitutionnel de mars 2020 dernier. Pire, ce parti, chef de file de l’opposition n’aura d’ailleurs plus son mot à dire, puisqu’il n’a désormais plus aucun représentant au sein de l’Assemblée nationale. Conséquence, les décisions sont désormais prises entre partis proches du pouvoir et ce, dans la droite ligne de la vision du chef de l’Etat.

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De facto, l’UFDG perd sa qualité de chef de file de l’opposition, avec les avantages qui vont avec. En dehors d’une autre stratégie efficace propre à contraindre le pouvoir à dialoguer, l’UFDG n’a désormais plus aucune marge de manœuvre face au pouvoir qui attend de rempiler donc en octobre prochain pour se renforcer. Passé ce stade, fini les minces espoirs de l’opposition de constituer, ne serait-ce qu’une minorité de blocage, même si cela n’aurait pas grand effet.

Au regard de tout cela, faudrait-il rester droit dans ses bottes et opter une fois encore pour une stratégie du « NON » systématique dont les résultats et conséquences sont encore perceptibles et qui amoindrissent d’ailleurs les chances de l’opposition pour la présidentielle prochaine?

Candidat une 3ème fois consécutive, contre Alpha Condé

 Cellou Dalein Diallo n’avait-il pas anticipé tout cela ? La question mérite d’être posée dans la mesure où, en vieux politicien, en « homme d’expérience » qui participe d’ailleurs pour sa troisième fois à une compétition électorale, cet « habitué de la maison» aurait pu prévoir la réaction du camp d’en face. Car, pour la petite histoire, Cellou Dalein Diallo affronte Alpha Condé pour la 3ème fois consécutive. Le même adversaire, dans presque les mêmes conditions, et à chaque fois la même arène politique.

Aussi surprenant que cela puisse paraître, la volte-face de Cellou se comprend et s’appréhende à bien des égards, même si on peut lui reprocher de s’être emporté dans un populisme stérile qui l’a conduit à choisir l’épineux parchemin du boycott en mars dernier. Car il faut non seulement éviter une réédition de mars 2020, mais aussi éviter surtout que le Prof. Alpha Condé puisse avoir le boulevard dont il rêve déjà pour s’offrir un nouveau mandat au forceps de la modification constitutionnelle.

Ne pas rentrer dans l’arène politique pour essayer d’arracher cette fois-ci une victoire  au soir du 16 octobre prochain, c’est se défiler sous cette formule facile du boycott, souvent empruntée par des opposants en perte de popularité en raison de l’incongruité et de l’incohérence de leur stratégie politique.

Alexandre Wémima