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Perception et coûts de la corruption au Togo : Que doivent faire à présent Essohana Wiyao et son équipe ?

Essohana Wiyao
La Haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (Haplucia) a mené du 17 décembre 2019 au 03 janvier 2020 auprès de 2645 personnes et 400 petites sociétés, une étude sur la perception et les coûts de la corruption au Togo. Celle-ci a été menée en collaboration avec l’Institut national de la statistique et des études économiques et démographiques (Inseed). Les chiffres publiés jeudi dernier montrent que le phénomène est suffisamment ancré dans la société togolaise. L’on se demande alors ce que doivent faire à présent le president  de la Haplucia, Essohana Wiyao et les autres membres de son équipe.

 Publiés jeudi dernier à Lomé, ces résultats viennent confirmer ce que beaucoup de nos compatriotes dénonçaient depuis. Près de 10 milliards de FCFA sont versés chaque année au Togo par des particuliers et des entreprises, sous la forme de pots-de-vin. Et cela n’est qu’une estimation, étant donné que l’enquête n’a pris en compte qu’un échantillon. Il faut donc imaginer l’ampleur du phénomène en plus grand.

Tout le monde ou presque est « mouillé ». La corruption est devenue monnaie courante et il est de plus en plus difficile d’y échapper. Il existe même des formes sournoises que certains ont érigées en règles. On se retrouve toujours à un niveau donné dans la manifestation du phénomène. Soit on est celui qui corrompt, soit on en bénéficie d’une manière ou d’une autre. Même certains de ceux qui s’érigent souvent en donneurs de leçons sur les médias ou les réseaux sociaux font partie des plus corrompus.

L’on ne devrait donc pas s’étonner que nos compatriotes soient réticents à dénoncer les contrevenants. En effet, selon les résultats de l’étude, Ils seraient environ 97,4% de victimes ou témoins de corruption à garder le silence. Ils ne sont pas du tout prêts à passer à la dénonciation. Est-ce dû à la peur ? Sans doute, mais, comme expliqué plus haut, tout le monde ou presque bénéficie à un moment donné et d’une façon ou d’une autre d’une forme de corruption.

L’on distingue la petite et la grande corruption. Même si la population en général est concernée par les faits de corruption, certains corps de métiers sont particulièrement indexés dans le rapport. Policiers, fonctionnaires, magistrats sont souvent sollicités pour faire avancer des dossiers en échange d’un petit cadeau. Parfois, cela se fait sans que ceux-ci en demandent.

Et il n’est pas toujours évident de résister à la tentation. Face à ce diagnostic, que vont faire le président de la Haplucia et son équipe ? « Le présent rapport constitue un outil-diagnostic de la corruption au Togo. Les données illustrent bien que le phénomène n’est pas étranger dans notre pays », explique Essohana Wiyao. L’institution créée en 2015 par les plus hautes autorités togolaises, est une volonté clairement affichée par ces dernières de lutter contre la corruption.

Mais la tâche est ardue. La corruption est un phénomène assez complexe à appréhender et à éradiquer. D’ailleurs, certains pensent que la corruption ne pourra jamais disparaître dans le monde. Toutefois, il est possible de limiter les dégâts. Et c’est à cela que doivent s’atteler désormais les membres de la Haplucia. Au Togo, il est possible de réduire l’hémorragie, surtout que l’on est tous d’accord que le phénomène est nuisible à notre économie et à notre développement.

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