Voulez-vous faire couvrir un événement par Togo Matin?

Tentative d’évacuation de Habia ou ignorance de règle diplomatique, l’inquiétant rubicond franchi par le facilitateur Akufo-Addo

Nana Akufo-Addo

Ainsi  donc, le gouvernement  ghanéen a choisi, après  sûrement moult réflexions et concertations d’envoyer non seulement un avion mais un avion militaire pour chercher le pseudo opposant Nicodème Habia en grève de la faim depuis deux semaines.

Il y a lieu, surtout que les faits sont avérés, de s’indigner. L’Afrique nouvelle que nous appelons  de  tous  nos  vœux, exige  un  minimum  de  respect mutuel entre nos jeunes Etats pour faciliter l’intégration sous régionale et  continentale que les jeunes générations recherchent urbi et orbi. L’on est en droit aujourd’hui de se poser plusieurs  questions : comment cela a-t-il pu arriver ? Comment l’idée  a-t-elle  pu  germer ?

Quel  circuit  diplomatique et stratégique cette idée a suivi avant de connaître, non seulement un début de mise en  œuvre  mais  une  exécution complète, puisque l’avion dont il s’agit, a finalement bel et bien atterri à Lomé, selon les propos du ministre de la sécurité et de la protection civile le Général de Brigade Yark Demhane ? L’avion avait-il  un plan de vol ? Des contacts ont-ils été pris avec la tour  de  contrôle  du  Togo avant le décollage de l’avion ghanéen ?  Plusieurs  questions  restent en travers de la gorge de tout patriote togolais.

Le statut de « Facilitateur » conféré au président ghanéen Nana Akufo-Addo par  la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest en est-il la raison ?  Le fait que l’opposant Nicodème Habia fasse la grève devant l’ambassade du Ghana en tant que Togolais, nous devons nous indigner.

Ce n’est pas parce que nous avons des problèmes qu’il  faut  faire fi de la moindre règle élémentaire de respect et de diplomatie. Il est à croire que les autorités togolaises ont finalement  laissé trop faire au point aujourd’hui de faire l’objet de la plus infamante irrévérence qu’un pays souverain puisse subir.

Le  laxisme et la non fermeté des autorités togolaises ont amené durant douze mois, le Ghana a, en plus d’héberger l’opposant Tikpi Atchadam mais à le laisser produire des audios appelant à la déstabilisation, au renversement des institutions de la République et au soulèvement populaire sans que nous ne soyons capables de lever le petit doigt pour dire “NON”.

Récoltons-nous  les  fruits  de notre  silence  d’un  an ?  Tout semble  que  “OUI”,  car  aucune raison ou aucun motif ne saurait justifier cet affront que viennent de poser les autorités ghanéennes  que  l’excuse  du Ministre  de  la  Sécurité  ne saurait effacer.

Ne  nous y trompons pas.  Que nous soyons opposants ou membre du parti au pouvoir, nous devons nous indigner. Le pays que nous sommes appelés à gouverner demain ne saurait être considéré comme un poulailler dans lequel, n’importe quel «Coq » venir faire sa loi.

Françoise Dasilva