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La pierre du dialogue, la pierre d’angle

L’opposition togolaise sera « en force » au dialogue inter togolais qui s’ouvre le jeudi prochain, après tant de mois d’hésitations, de tergiversations, marquées par des réclamations, des revendications qui parfois, aux yeux de bon nombre d’observateurs paraissaient élémentaires, voire « alimentaires », comparées à la taille du défi des Réformes qui s’impose à solutionner  au  terme  de  cette  crise. Après  tant  de  jeux  d’indécision, enfin, ils seront tous là, ou presque ! La tonalité générale des discours, leur sincérité, leur véracité….seront, à n’en point douter, une véritable richesse pour la vie politique de notre pays, en proie à des quiproquos les plus inimaginables qui nous éloignent du vivre-ensemble.

L’heure n’est pas à l’insulte, ni à l’énoncé de simples constats, encore moins à l’exposé de formules à l’emporte-pièce, etc. la situation est grave : en 6 mois, notre pays a nous tous – parti au pouvoir comme coalition des 14- a perdu des centaines de milliards. Nous avons perdu entre 30 et 40% de nos activités qui font tourner nos caisses personnelles et les caisses de l’Etat. L’impact est réel, des entreprises, des petits commerces ferment…

Les discours sans concession des opposants, n’ont apporté aucune solution à la crise; nous avons tourné en rond et la pierre du dialogue que nous avons rejetée est en voie de devenir la pierre d’angle. Aujourd’hui, on ne peut situer l’entière responsabilité de tel ou tel camp dans la dérive sociopolitique aggravée par des déficits mentionnés plus haut… L’opposition est souvent indexée, comme incapable, dit-on, de formuler la moindre proposition de sortie de crise, bonne uniquement à revendiquer la destitution ou le départ de Faure Gnassingbé du pouvoir.

Ce sont des reproches qui ne sont pas dénués de sens. Il faudra alors souhaiter vivement qu’au cours du dialogue, cette opposition puisse surprendre tous les Togolais par sa capacité à formuler des propositions de sorties de crise, des propositions à tout le moins, impersonnelles, objectives… susceptibles de susciter l’adhésion de son vis-à-vis, le parti au pouvoir. Il ne sert à rien de patauger dans des  querelles,  sans  fin,  sur  la question du prochain mandat de Faure, avec en arrière-fond, une indécente guerre de position sur la rétroactivité ou non de la Loi.

L’opposition ne doit pas jouer pas avec le feu ; elle doit être consciente que rien ne peut se faire sans le pouvoir, c’est une forte réalité qui pourrait éclairer le sens des combats d’hier et d’aujourd’hui, mais aussi, ce serait une attitude très responsable de l’opposition. Il n’est plus question de demander le départ du président, une transition; mais plutôt de trouver un consensus politique pour faire face aux tempêtes liées aux réformes.

L’opposition doit se débarrasse de cette image de force politique qui aspire uniquement à monter à l’assaut du pouvoir. Mais ce consensus doit être bâti sur un retour aux fondements, qui passe par l’organisation d’élections libres, comme le Référendum. Puissent les travaux de ce dialogue permettre de renouer avec la politique, au sens noble  du  terme,  afin  que  notre pays franchisse d’un pas très important le cap de la recherche de sérénité et de stabilité, sceaux des Etats qui se veulent modernes avec une forte vision futuriste.

Dieudonné Korolakina