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Alternance et démocratie, le Togo malade de ses opposants ?

Yaovi Agboyobo, Jean-Pierre Fabre et Gilchrist Olympio

Si selon l’actuel ministre togolais des Affaires étrangères, Robert Dussey « l’Afrique est malade de ses dirigeants », ne peut-on pas dire que nos pays sont également malades de leurs oppositions ? Les crises mal gérées, les stratégies de conquête du pouvoir et la conception de la démocratie de l’opposition togolaise dans son ensemble, qui se fourvoient  depuis 50 ans en sont de parfaites illustrations.

En cinquante années de lutte, l’opposition togolaise n’a non seulement pu accéder au pouvoir, mais elle ne manifeste malheureusement pas à ce jour, aucun signe de maturité dans ses méthodes et dans ses stratégies de conquête du pouvoir. Elle n’a pas également appris de ses erreurs du passé, même si les acteurs d’hier ne sont pas les mêmes aujourd’hui. Des opposants historiques et charismatiques n’ont pas su tirer avantage de leur popularité.

De Gilchrist Olympio en passant par Me Yaovi Agboyobo, à Jean-Pierre Fabre et Tikpi Atchadam aujourd’hui, les opposants togolais ont fait gronder la rue sans pour autant arriver à  obtenir l’alternance qu’ils présentent d’ailleurs comme solution miracle pour le Togo. Dire que les marches politiques ont montré leurs limites, ce n’est pas faire montre de ce vieux réflexe suspicieux, qui consiste à identifier la rue, ou à proprement parler, les manifestations de rues au désordre, à l’explosion. Au contraire, les manifestions et marches sont l’expression même de la démocratie qui par essence n’est pas l’expression de la pensée unique, mais de la contradiction constructive et la lutte pour la conquête du pouvoir.

Malheureusement, le discours que tient la Coalition des 14 partis de l’opposition sous-entend que le pouvoir veut régner sans partage  et à vie ou encore, a des méthodes contraires à la loi. Tenir un tel raisonnement, n’est-ce pas faire preuve d’hypocrisie ou de naïveté politique ?

La conquête du pouvoir est comme un jeu d’échecs, un combat d’idées, d’idéologies, et d’esprit. Elle est à vrai dire stratégie, un art qui fait usage de moyens conventionnels et non-conventionnels. Et s’il fallait comparer la politique à la guerre, la sagesse de l’ouvrage L’art de la guerre indique qu’il y a plusieurs moyens d’obtenir la victoire. « L’habileté suprême consiste à dominer l’ennemi avant le déclenchement des hostilités …réussir le tour de force de vaincre sans ensanglanter la lame », recommande cet ouvrage très reconnu dans le domaine militaire et politique.

Beaucoup de personnes sont non seulement mortes lors des manifestations de la C14, mais ce groupe de partis politiques n’a rien obtenu, sur sa longue liste de revendications. D’où la nécessité pour ces derniers de repenser leur lutte.

Rachidou Zakari