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Burundi : le nouveau président prend les rênes du Burundi dans l’illégalité ?

Evariste Ndayishimiye, nouveau président du Burundi

Il devrait prêter serment en aout 2020, au cours d’une cérémonie où l’intérimaire désigné par la Constitution du Burundi lui transmettra le collier et le drapeau, signes de dévolution du pouvoir d’Etat. Malheureusement, le candidat élu Evariste Ndayishimiye prête serment ce jeudi 18 juin 2020, deux mois avant le délai constitutionnel d’expiration du mandat de son prédécesseur. Le tout, avec la bénédiction de la Cour constitutionnelle acquise au pouvoir.

« Pour éviter une période d’incertitude qui aurait pu déstabiliser le Burundi, dont l’histoire est jalonnée de crises politiques meurtrières et d’une longue guerre civile », le parti au pouvoir, le CNDD-FDD, a décidé d’accélérer la transition. Et cette conclusion a été suivie à la lettre par la Cour constitutionnelle qui a donc fait avancer la date de prestation de serment du candidat Evariste Ndayishimiye, déclaré vainqueur de la dernière présidentielle.

L’argument de la Cour est ambigu, même s’il est tiré de l’interprétation de l’article 121 de la Constitution du pays. Pour la Cour, en effet,  « l’objet de l’intérim, qui est d’organiser une élection anticipée en cas de vacance de poste définitive de la présidence, n’existe plus du moment où le Burundi dispose déjà d’un président élu ».

Et pourtant, ce président élu, qui n’est pas encore investit en ce moment, ne pouvait exercer le pouvoir d’Etat, et donc prétendre aux titres qui lui sont dévolus par la fonction de chef d’Etat. Ce qui voudrait dire, de façon simple que, le général Evariste Ndayishimiye, quand bien même il était le candidat élu, n’était pas encore « investit » par les institutions habilitées. Et donc, on devrait s’en tenir à la « lettre » de l’article 121 de la Constitution et constater l’intérim du président de l’Assemblée nationale, Pascal Nyabenda.

Ce dernier, a longtemps été le premier choix du défunt président Pierre Nkurunziza pour lui succéder. Mais la majorité de ces généraux sont parvenus à lui imposer leur « frère d’armes », le général Evariste Ndayishimiye. Les tensions qui traversent cette « junte » se sont depuis lors accentuées. Les soutiens du président élu « ont donc décidé de ne pas tenter le diable », histoire d’éviter « une longue transition et les tentations qui pourraient naître dans l’autre camp de ce fait ».

En se prêtant à l’exercice du serment ce jeudi 18 juin 2020 au stade Ingoma de Gitega, la capitale administrative du pays, dans un contexte particulier en raison de la situation sanitaire, le général Evariste Ndayishimiye devient le 10ème président du Burundi ^pour un mandat de 7 ans.