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Covid-19 : A quand la création d’un front politique pour la lutte ?

Faure Gnassingbé et Gilchrist Olympio

Le président de la République a fini par prendre la parole, il y a quelques jours, pour marquer la gravité du mal que nous affrontons en ce moment : le coronavirus. Une sortie assortie de plusieurs mesures sur lesquelles, il serait redondant de revenir. Mais, une intervention qui a, à tous les égards, eu le mérite de nous inviter à nous retrouver tous en première ligne de la lutte, à nous sentir concernés et responsables pour freiner l’avancée effrayante de cette maladie « presque » insaisissable qui n’était pas là, il y a quelques quatre mois.

Mgr Nicodème Barrigah-Benissan, l’archevêque de Lomé, lors de la messe de Pâques, hier dimanche, à la Cathédrale Lomé, en direct sur Radio Maria-Togo et sur la page facebook de ladite radio a fustigé la division au sein de la classe politique. En invitant les Togolais à une « unité en profondeur », il a ouvertement martelé ceci : « Frères et sœurs, n’avez-vous pas parfois l’impression que notre peuple est balloté entre des temps, sans trop savoir où aller ? Je n’irai pas jusqu’à dire que nous sommes giflés. Mais la mésentente qui sévit souvent au sein de ceux qui nous dirigent, fait que nous errons, sans trop savoir où aller ».

Le ton solennel des déclarations des deux personnalités, le caractère historique donc inédit, la valeur des mesures annoncées par Faure Gnassingbé, ne permettent pas de penser que le président de la République ou l’archevêque de Lomé, voulaient se livrer à un simple exercice de communication.

Les quelques difficultés que l’on constate sur le terrain afin d’amener tous les Togolais à l’adhésion à une unicité d’action – tous les leaders politiques en première ligne – pour contrecarrer comme un seul homme et efficacement l’avancée de cette maladie amène à se poser la question suivante : A quand un front commun contre le Covid-19 ?

« Pour réussir la lutte contre une crise aussi grave que la pandémie du COVID-19, une franche adhésion de la population aux actions de l’autorité publique est capitale. A cet effet, la nécessité du renforcement de l’unité nationale s’impose », relevait il y a 3 jours Tchabouré Aimé Gogué, le président National de l’ADDI dans une note.

Ces propos du Prof. Gogué sont d’autant vrais qu’il y a moins d’une semaine, au Burkina Faso, l’opposition s’est réunie pour apporter une aide à hauteur de 6 millions de FCFA au gouvernement burkinabè dans le cadre de la lutte contre le covid-19.
La lutte contre cet ennemi invisible, qui est seul mais très redoutable, contre l’humanité entière commande un minimum de sursaut qui force à bannir et aplanir toute forme de clivages. Cette lutte demande autant une fédération des énergies des politiques que celle des personnels soignants qui sont au front, car ce sont les politiques qui sont appelés à tracer les vraies pistes à suivre et à orienter l’action de façon concertée avec les spécialistes de Santé.

La lutte qui nous engage tous doit se nourrir d’attitudes nouvelles qui devraient voler très haut, au-dessus d’une certaine méfiance ou d’une certaine indécence qui pourrait faire dire – de manière éhontée – à un prélat en quête effrénée de sensation : « qu’il n’y a aucun cas de covid-19 au Togo », au moment où le Togo enregistrait le tout premier cas. Ces mêmes attitudes doivent ramer à contre-courant des propos qui tendent à faire croire que tous les cas positifs décelés à Sokodé dernièrement et qui ont obligé à étendre le couvre-feu à cette ville, ne sont que des évocations politiques sous-entendues.  Quel Etat au monde s’amuserait à prendre de pareilles mesures pour le plaisir sachant que toutes ces mesures représentent des pertes énormes pour son économie et des charges imprévues qu’il faut tout de même pouvoir honorer ?

« État d’urgence » ? On saisit peut-être faiblement la portée sémantique d’une telle expression et sa dimension. Mais en l’analysant profondément, nous comprenons combien que le coronavirus exige que nous engagions effectivement une lutte avec nous-même, contre nos mentalités d’éternels pourfendeurs des politiques de nos Etats, des critiques impénitents de ceux qui ne sont ni de notre ethnie, ni de notre religion, ni de notre parti, de notre classe sociale, etc. et indulgents envers les amis.

Il est temps de créer un bloc politique solide derrière les actions présentes du gouvernement dans le cadre de cette lutte, un front dur, solidaire et uni pareil à ces regroupements que nos politiques savent créer à la veille des élections.

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