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Covid-19 et remèdes : attention à la pression populaire !

Covid-19 et remèdes : attention à la pression populaire !

L’on retiendra de la lutte contre la pandémie du coronavirus, les polémiques interminables sur les remèdes. Que ce soit dans la communauté scientifique que chez les profanes, chacun y va selon ses études, expériences, connaissances et aspirations. Seulement qu’en la matière, il s’agit d’une question de vie ou de mort. Et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle, il faudrait que les responsables des protocoles de soin se laissent plus guider par la raison que par la pression populaire.

La pression populaire est en effet à la base de plusieurs choix dont beaucoup se sont révélés catastrophiques dans la gestion de cette pandémie. Jusqu’à ce jour, l’on assiste à des hésitations chez plusieurs dirigeants à cause des contrecoups politiques que pourraient engendrer leurs décisions. La nouvelle polémique qui est née sur une supposée inefficacité de la chloroquine en est une preuve.

Dès le début de cette crise, le célèbre infectiologue français, professeur Didier Raoult a annoncé avec assurance que la chloroquine est le remède qui pouvait permettre de traiter les patients atteints du coronavirus. Il faut rappeler que ce médicament très utilisé par le passé dans le traitement du paludisme avait été abandonné pour cause de résistance. Immédiatement l’on a assisté à une levée de boucliers au sein de la communauté scientifique. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) émet des réserves.

Même le pays natal du professeur Raoult ne le soutient pas dans sa démarche. Avait-il raison ou pas ? Ce qui est sûr, c’est que dans les semaines qui ont suivi, plusieurs pays dont ceux d’Afrique ont adopté la chloroquine dans leur protocole de soin. Le Togo a fait pareil. Des guérisons sont annoncées ici et là, et jusqu’à ce jour l’on enregistre des guérisons. Il faut préciser que la chloroquine a bénéficié d’une importante pression populaire.

Pour beaucoup, cette découverte du professeur Raoult s’oppose aux intérêts des grandes firmes pharmaceutiques qui préfèrent que la pandémie prenne de l’ampleur afin de sortir plus tard leurs solutions miracles que sont les vaccins et autres médicaments qui leur feront gagner des milliards. Les tenants de cette thèse évoquent fréquemment la théorie du complot dont ils rendent complice l’OMS et ses soutiens dont la fondation Bill Gates. Quoi qu’il en soit, la chloroquine a fini par s’imposer d’une façon ou d’une autre. Des dirigeants populistes comme Donald Trump en faisaient la publicité. Ce dernier a même annoncé qu’il  en prenait en guise de préventif, alors qu’il ne devrait pas en être le cas selon les spécialistes.

Mais du moment où ce discours arrangeait les masses populaires, cela lui suffisait. Puis soudain est intervenue l’étude publiée récemment dans la célèbre revue anglaise The Lancet et qui remet en cause l’efficacité de la chloroquine dans le traitement du coronavirus. Cela vient conforter l’OMS et d’autres détracteurs du professeur Raoult. C’est un véritable coup de tonnerre.

La pression populaire va-t-elle encore s’imposer ?

Certains pays dont le Togo préfèrent continuer avec la chloroquine qui a tout de même fait ses preuves. Le coordinateur de la riposte, le professeur-colonel Djibril Mohaman, a noté quelques incohérences dans l’étude menée sur ce médicament. En effet, selon lui, lorsque l’on considère la cohorte qui a permis à ces chercheurs de parvenir à leurs conclusions, on se rend compte que ce sont des personnes qui souffraient de certaines maladies comme l’hypertension, le diabète, l’obésité…, bref les comorbidités. Ces types de patients feront forcément des formes graves de la maladie et même si l’on leur administre la chloroquine, le risque de mort est plus élevé dans leur cas. Alors, selon le médecin togolais, l’on ne peut pas se fonder uniquement sur ces données pour éliminer la chloroquine qui a, quoi qu’on dise, fait ses preuves.

Et, il ne faut pas perdre de vue que ces études sont parfois téléguidées par des groupes d’intérêts. En tout cas, c’est la preuve encore une fois que la médecine africaine doit rapidement se développer et s’émanciper des influences extérieures, en puisant dans ses ressources naturelles et traditionnelles. L’on se réjouit que dans le cas actuel l’on n’a pas fait de suivisme.

Plusieurs pays africains ont pris leur décision en analysant l’étude et en considérant l’évolution de la pandémie dans leur pays. La pression populaire est une gangrène que l’on observe aussi dans le débat sur le covid organics. Mais étant donné que ce sont des vies qui sont en jeu, il faudrait que les responsables des protocoles de soin s’en départent.

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