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Dialogue inter-togolais, cinq mois après, que dire de la médiation de Condé et de Akufo-Addo ?

Akufo-Addo saluant Alpha Condé

Placés sous la facilitation des présidents ghanéen Nana Akufo-Addo et guinéen Alpha Condé, les pourparlers entre la Coalition des 14 partis de l’opposition, le gouvernement togolais et le parti présidentiel Union pour la République durent depuis 5 mois. Ils ont officiellement été lancés dans la seconde moitié du mois de février. Que retenir aujourd’hui de ces efforts de facilitation ?

L’un des privilèges de la classe politique togolaise a été de prendre part, autour d’une table ronde aux discussions en dépit des manifestations qui mettaient à mal la quiétude et l’économie du pays. Si à l’ouverture de ces travaux du dialogue inter-togolais, les protagonistes affichaient  une  face  de sérénité,  de  confiance mutuelle et de bonne volonté pour une issue heureuse de la conjoncture politique qualifiée  de  crise  par  des observateurs, le temps de sa résolution et les prémisses de consensus qui en sortent laissent encore à désirer.

A l’entame du dialogue, les émissaires du médiateur ghanéen   et lui-même ont laissé entendre qu’en dix jours de négociations, le problème togolais trouvera une sortie heureuse ou à défaut, un consensus salvateur. Le début des échanges était houleux et la population togolaise dans son entièreté a largement adhéré à la venue des deux facilitateurs censés trouver une solution à la crise.

Mais la tendance a été presque constante entre les deux parties prenantes au dialogue et les deux facilitateurs à la « crise ». Le 15 février 2018, les deux protagonistes ont en effet librement consenti un document devant régir leurs échanges à la table de négociation. Le code de bonne conduite imposait en filigrane  au  gouvernement, l’arrêt des préparatifs électoraux, le temps du dialogue, et à la Coalition, le sursis à ses manifestations publiques.

Cinq mois ont passé, force est de constater cependant que le dialogue a été l’occasion pour les protagonistes à la crise de ne parler que des éternels préalables. Pour illustration, à l’occasion du dernier round en date des pourparlers les points inscrits à l’ordre du jour des discussions ont été les mêmes qui ont été des mois plutôt. Au terme, le communiqué du quatrième round du dialogue inter-togolais ayant sanctionné les travaux, recommandait à l’Etat de poursuivre la libération des détenus des récentes manifestations violentes, de lever l’interdiction de manifester sur les villes de Mango, Bafilo et Sokodé. A la Coalition des 14, il a été imposé de s’abstenir de « tout acte susceptible de nuire à la cohésion nationale ».

Pour ainsi dire, pendant cinq mois de pourparlers, le dialogue inter-togolais a tourné sur lui-même. Et en attendant la feuille de route des chefs d’Etat et de gouvernement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique l’ouest (Cedeao), un récapitulatif des avancées fait constater que seul le gouvernement s’est engagé sur une voix de sortie de crise. De son côté, la Coalition des 14 menace encore de brandir la carte des manifestations en dépit de l’appel pressant des médiateurs à préserver un climat de sérénité et de cohésion sociale.

Awih Essoyodou