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Enjeux politiques : Dr David Ihou décrypte les lacunes de l’opposition togolaise

Dr. David Ihou

Que reproche Dr. David Ihou à l’opposition togolaise ? A cette interrogation, l’ancien ministre togolais de la Santé a apporté des éléments de réponse lors d’une interview accordée à l’agence de presse AfreePress, publiée le 1er juin 2020.

« Vous savez, j’ai été ministre de la Santé dans le gouvernement de transition et la seule grande avancée qu’on peut mettre à l’actif de ce gouvernement, c’est d’avoir pondu une Constitution qui a été plébiscitée par 96% de la population. C’est une avancée majeure. Cette Constitution d’octobre 1992 a été rédigée par une équipe à laquelle je faisais partie et avec cette Constitution, on avait pensé que tout était bien parti. Permettez-moi au passage, de saluer la mémoire de Me Yawovi Agboyibo, un combattant des premières heures », a introduit l’ancien ministre de la Santé, Dr David Ihou, lors de son entretien avec AfreePress.

« Le premier couac de l’opposition est venu en 1994. Dans la Constitution de 1992, il est écrit que ‘’le président de la République nomme le Premier ministre dans la majorité parlementaire’’. On n’a pas dit que ‘’le président de la République nomme le Premier ministre dans le parti de la majorité parlementaire qui a le plus grand nombre de députés’’ », a-t-il déclaré.

« C’est comme cela que M. Edem Kodjo et Me Agboyibo (paix à leurs âmes), ont gagné les législatives. Tout le monde croyait que les deux allaient former un gouvernement sans le RPT et s’ils avaient bien gouverné, le RPT aurait été jeté aux oubliettes pendant au moins 4 à 5 mandats », a-t-il expliqué.

« Et l’autre problème est le boycott des élections législatives de 1998, ce qui a permis au RPT d’avoir la majorité parlementaire et de modifier notre Constitution de 1992 en décembre 2002. Autre chose que je reproche à l’opposition, est qu’il n’y a pas un miracle pour avoir l’alternance dans un pays. Pour avoir l’alternance dans un pays, il faut avoir un leader politique sérieux, compétent, efficace et qui a un projet de société que la population accepte. Ce qui signifie que la population est en connaissance du projet. Ce n’est pas qu’on se cache quelque part jusqu’à sortir lors des campagnes pour devenir président de la République », a laissé entendre l’ancien ministre de la Santé.

« L’opposition est incapable de s’entendre pour choisir un seul candidat pour affronter le candidat sortant. Ce qu’on fait dans les pays développés est que si on ne s’entend pas pour choisir un candidat unique, on organise des élections primaires au sein de l’opposition elle-même. Ainsi on choisit celui qui a remporté ces élections primaires pour affronter le candidat au pouvoir », a déploré David Ihou.

Pour finir, l’opposition doit chercher de l’argent. L’argent c’est le nerf de la politique. On a estimé et on a vu que pour réussir une campagne électorale présidentielle, il faut au moins avoir 7 à 8 milliards de F CFA. Aucun opposant togolais ne peut trouver cette somme. Parce qu’au Togo, les gens crient alternance mais ne cotisent pas pour leur parti politique. Ce qui est aussi marrant est qu’ici, on n’a pas de grandes entreprises privées qui financent l’opposition comme cela se passe dans d’autres pays », a-t-il reconnu.