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Entretien avec Mablé Agbodan, artiste designer d’intérieur, « L’artisanat est un métier d’or et promoteur »

Mablé Agbodan

Mablé  Agbodan  est  artiste  designer  d’intérieur  et  fondatrice du  Club  des  Métiers  d’Art  et d’Artisanat,  qu’elle  a  lancé  en septembre  2017.   En  moins  d’un  an,  ce  jeune  club  a  réussi à s’imposer dans le monde de l’artisanat au Togo. Le vendredi 1er juin dernier, elle a reçu la visite du ministre du Développement à la base, Victoire Tomégah-Dogbé, venue constater par elle-même, ce qui se fait là-bas. Après avoir fait le tour des différentes sections que comporte le centre, madame Dogbé a fait la connaissance d’un groupe de jeunes étudiants français venus pour un brassage culturel au  Centre.  Il  faut  dire  que  l’artiste  Mablé  Agbodan  était  déjà   bien connue  de  ce  monde   qui  l’a  honorée  avec  plusieurs  distinctions dont celle que lui a décernée le chef de l’Etat, il y a quelques années. Qui  est  Mablé  Agbodan,  et  que  fait-telle  au  Club  de  métier  d’art  et d’artisanat ?

 

TogoMatin : Quelles sont les missions de votre centre?

Mablé Agboan  : Le Club des métiers d’art et d’artisanat est un centre de design, de stage de perfectionnement. C’est aussi un lieu de rencontre des créatifs. Les artisans qui viennent travailler au centre, sont des artisans  qualifiés c’est-à-dire qu’ils ont déjà une formation de base dans les différents secteurs de l’artisanat.

Au centre, nous travaillons beaucoup sur  la  finition.  Nous ne privilégions pas la quantité, mais plutôt la qualité. Aujourd’hui, nous avons plusieurs sections. Il s’agit des sections menuiserie, cordonnerie, maroquinerie, la tapisserie, couture, broderie à la main et teinturerie.

Combien d’artistes avez-vous déjà formés ?

Le centre est créé le 1er août 2016, mais le  lancement  officiel s’est effectué le 13 octobre 2017, parce que nous insistons sur  nos  finitions,  le produit du centre. C’est ce qui fait la différence entre l’artisan du Togo et l’artisan de notre centre. Aujourd’hui, le centre forme 35 artisans. Ceux qui sont formés au centre deviennent automatiquement nos salariés. C’est là où le centre devient un centre de production.

Sachant tous, que nous n’avons pas de débouchés, tous ces artisans sont intégrés au centre L’objectif du centre est de trouver les débouchés sur le plan international pour nos créateurs.

C’est pour cela que nous créons des outils aux normes internationales. Au Salon de Niamey, lorsque les gens ont découvert nos produits et venaient nous dire : « ça, ce n’est pas fait au Togo », cela m’a beaucoup touchée. C’était un honneur pour notre pays.

Quel sentiment éprouvez-vous lorsque vous finissez une œuvre ?

Je ne réalise même pas que ce travail est fait par moi. J’avoue que je suis très modeste, ce qu’on sait faire doit parler de lui-même. Faire de l’art pour moi, c’est mettre en valeur l’Afrique, c’est porter  le  flambeau des richesses de nos patrimoines. Si on disait que les robes de nuit se feraient en  pagne  « kenté », un tissu tissé par nos artisans togolais, vous  ne  le  croiriez pas. Mais c’est fait aujourd’hui  chez-nous, par nos têtes et par la main des Togolais. L’art pour moi, sert à émettre des messages et à montrer au monde entier ce que l’Afrique a de plus beau.

Nous avons constaté que vous avez reçu la visite d’étudiants européens. Que viennent-ils apprendre ici ?

L’objectif du centre est de pouvoir échanger entre créateurs. Les artisans ont un vrai talent qu’ils ne savent pas. Ils ont des mains en or. L’artisan africain, s’il se valorise gagnera plus qu’un banquier.

Aujourd’hui, et c’est la preuve encore de leur montrer leur valeur qu’ils ont en faisant venir des étudiants d’une classe entière de la deuxième école de dessin de la France, école nationale supérieure des arts décoratifs de Paris. Ces étudiants sont venus nous rendre visite, co-créer avec nos artisans ou avoir des conversations créatives sous le  thème : objet facilitateur d’objets togolais.

C’est un honneur pour moi et pour le Togo d’accueillir des Français qui ont quitté leur pays pour venir travailler avec les Togolais et faire sortir des produits magnifiques et universels qui seront utilisés au Togo, au Niger, au Bénin, en France ou en Allemagne et un peu partout dans le monde.

Un message à nos chers lecteurs ?

Je lance un appel à tous les jeunes qui ont envie de faire de l’artisanat, de comprendre aujourd’hui qu’il n’est pas un métier de second choix ou de dernier choix, que l’artisanat est un métier d’or et promoteur. C’est un métier dans lequel on ne s’ennuie pas. S’il y a quelqu’un qui a envie mais hésite encore à s’intéresser à l’artisanat, nous l’invitons à venir nous rendre visite.

Propos recueillis par R. Zakari & Justin Amaah