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Face cachée de la tournée insane de l’ANC, les prémices d’une guerre froide à la C14 qui ne dit pas son nom

Des leaders de la Coalition

Le leader du Parti national panafricain (PNP) ne souhaiterait pas de manifestations avant le sommet de la Cedeao! Aussi légère qu’elle ne paraisse, cette  confidence d’une  source  bien  introduite dans les arcanes du parti de Tikpi Atchadam relate une situation amère que vit la Coalition des 14 partis de l’opposition togolaise et que les leaders tentent d’occulter.

Le  déficit  de  consensus entre les acteurs de la frange de l’opposition togolaise qui mènent la danse sur la scène politique nationale depuis septembre serait d’une rare profondeur. D’un côté, Tikpi Atchadam, le natif de Kparatao, leader du parti qui a initié les marches à l’origine de la crise politique que vit notre pays depuis un an bientôt. De l’autre, Jean-Pierre Fabre, leader de l’Alliance nationale pour changement  et  chef  de  file de l’opposition.

Par réseaux sociaux interposés, les deux partis se tirent des boulettes sur la nécessité ou non de manifester alors que l’on est à une dizaine de jours de l’arrivée à Lomé des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cedeao. Dans un de ses messages d’appel à mobilisation populaire pour le compte de ce mois de juillet, la coordination de la Coalition des 14 partis conviait ses inconditionnels à  des  activités  de  « sensibilisation, d’information et de soutien aux détenus de Mango, Sokodé et Bafilo ».

Lors de la diffusion de ces messages en fin de semaine dernière, la Coalition adressait son invite à sa base à partir de ce vendredi. Mais c’était sans mesurer le désir du PNP d’être l’avantgarde de la marche de cette Coalition. Dans son réplique, Tikpi Atchadam, par la voix de ses activistes posait son véto contre le désir de manifester de la Coalition dont il est membre.

Vers une dislocation future de la coalition ?

La  nouvelle  face  qu’affiche le PNP à la suite du plan de manifestations de la C14, fait ressortir une certaine ambigüité dans ses positions. Tant, il y a encore quelques mois, en avril dernier, son parti s’insurgeait fermement contre la « mauvaise foi de l’ANC pour la marche  de  la  République  ».

Contrairement aux présentes incompréhensions entre M. Atchadam et M. Fabre, le PNP qui, jadis nourrissait l’envie de marcher, fait maintenant volte-face.Mais au-delà, en portant un regard rétrospectif sur les précédents de la Coalition, l’on relève au fond que la guerre froide est tributaire d’une guerre de repositionnement de ces partis sur la scène politique en vue des élections à venir. Pour les responsables du PNP, la fameuse tournée de sensibilisation et d’informations de l’ANC est une façade dans la mesure où  «  ses  militants  dorment au sud pendant que ceux de  Sokodé,  Bafilo  et  Mango sont sous le coup de l’armée », clament-t-ils tout haut et fort.

L’histoire récente de la politique togolaise renseigne sur le fait que l’ANC prend habitude, à la veille des rendez-vous électoraux, de renoncer au devoir constitutionnel qui l’attend en tant que parti politique. Ainsi, les membres du PNP ont-ils pu lire entre les lignes et prendre connaissance que la tournée du parti de Jean-Pierre Fabre entre dans le cadre de la préparation du terrain en vue des prochaines échéances tant, de façon précise, les recommandations de la Cedeao seraient un appel pressant à celles-là. A la veille de la conférence de la Cedeao, le mur qui a tant résisté pourrait se lézarder face à la feuille de route qui recevra l’assentiment d’une partie de la Coalition contrairement à l’autre dont l’ambition reste toujours une défiance  aux  règles  de  la République, la révolution.

Awih Essoyodou